Alpha Condé

Devant un pool de journalistes le mardi 9 octobre 2018 au palais Sékouterouya,  le président de la République, le Pr Alpha Condé  est sorti de son mutisme pour se prononcer sur la crise qui a secoué la cour constitutionnelle.

Le chef de l’Etat défie les juristes qu’ils accusent  d’avoir organisé une mafia pour instituer une cour constitutionnelle lors de la transition militaire afin de bénéficier des sièges.

« Certains ont fabriqué une Cour Constitutionnelle à leur mesure pensant qu’ils vont être élus par les magistrats et par les avocats. Dans tout le système français, le président de la Cour Constitutionnelle est nommé par le Président. Mais qu’est-ce qu’on a dans notre Constitution ? Le Président nomme une personne, le président de l’Assemblée nationale nomme une personne, les avocats désignent un, les magistrats désignent un, l’organisation des droits de l’homme désigne deux. Ensuite les gens sont désignés par vote. le président de la Cour Constitutionnelle n’est pas nommé, ni désigné par le président de la République….. C’est un vote à leur sein», a rappelé Alpha Condé à travers la RTG.

Le premier magistrat du pays interprète le brouhaha autour la destitution de kélèfa Sall et du décret de confirmation de l’élection de Mohamed Lamine Bangoura à la présidence de la Cour Constitutionnelle, d’un non-événement : « C’est de la folie de dire que le Président veut enlever ou soutenir. Quand les gens voient qu’ils perdent du terrain et qu’ils savent qu’ils ne peuvent pas atteindre les objectifs qu’ils voulaient, ils inventent du n’importe quoi. Le Gouvernement n’a aucun moyen d’influence sur la Cour Constitutionnelle. Mieux, lorsqu’il y a eu le tirage au sort et que les autres ont dit qu’il faut que le président aussi soit soumis au tirage au sort, c’est moi qui ai demandé une consultation à Laurent Fabius en France (…) après la consultation j’ai dit à tous les conseillers que vous n’avez pas le droit de dire que le président doit être soumis au tirage au sort. Vraiment les gens n’ont qu’à parler. Lorsque les gens à la CENI ont changé leur président, je ne me suis pas mêlé ».

S’il est pointé du doigt par la classe politique de l’opposition et une partie de société civile, de vouloir tripatouiller la constitution pour se faire un troisième mandat, Alpha Condé ne va pas par quatre chemins : « On dit que c’est pour empêcher (…), mais une Constitution c’est le peuple. Si demain, le peuple de Guinée veut changer la Constitution, il y a un référendum. Mais la Cour Constitutionnelle ne peut que constater. Allez voir dans la Constitution et dans la Loi organique si le Président ou le Président de l’Assemblée a un moyen de nommer quelqu’un ou pas. Ceux qui ont fait la Constitution on les connait. Certains même rêvaient d’être président de la Cour Constitutionnelle. C’est la première fois que même les salaires des membres de la Cour c’est dans la Loi Organique. On n’a jamais vu ça nulle part ».

« Dans tous les pays francophones, le président de la Cour Constitutionnelle est nommé par le Président. La Guinée est le seul pays où il est élu par ses pairs. Si ses pairs veulent le changer, le gouvernement ne se mêle pas. C’est de la folie de penser que  la Cour Suprême a un rôle à jouer dans la procédure de destitution du président de la Cour Constitutionnelle. La Cour suprême  n’a rien à voir dedans », a-t-il précisé.

Dans un premier temps a révélé le chef de l’Etat, « il y a six membres de la Cour Constitutionnelle qui ont demandé la révocation du président de la Cour Constitutionnelle, à l’époque je les ai reçu, je leur ai dit : écoutez, la Cour vient d’être installée, essayez de trouver une solution. Ils m’ont dit voilà les reproches qu’on fait à notre président. Il a promis de changer. Mais un des conseillers Mounir a dit Président, il ne changera pas, je le connais. Lorsque les conseillers de la Cour Constitutionnelle ont destitué leur président, j’étais en Chine….».

Thierno Amadou Oury BALDE