Les événements connaissent d’autres tournures après la tuerie par balle réelle de trois jeunes à Wanindara et le lynchage d’un policier abattu à mort.
Dans la soirée du jeudi, 8 novembre 2018, les hommes en uniformes se sont pris aux citoyens dans domiciles respectifs où ils ont emportés plusieurs biens et détruits d’autres au carrefour-marché dans le quartier wanindara relevant de la commune de Ratoma sur la route le prince.
Notre reporter qui a sillonné les familles victimes, constate d’importants dégâts matériels et plusieurs arrestations
Ibrahima Béla BAH a accepté de se confier à notre rédaction pour raconter la scène qu’il a traversée : « C’est dans la soirée d’hier que les policiers ont fait irruption dans notre cour avant de se diriger vers la grande concession où ils ont défoncé les portes. Ils ont retiré les téléphones des femmes qu’ils ont trouvées à l’intérieur et les ont fait sortir. Ils ont saccagé la maison, détruit tout ce qui s’y trouvé. Après ils sont partis là où j’étais avec ma femme et mes enfants. Ils ont tapé la porte, j’ai refusé d’ouvrir. Comme ils n’ont pas pu détruire la porte, ils ont tiré un gaz lacrymogène à travers la fenêtre pour nous obliger de sortir. Ces officiers de la police sont rentrés quatre (4) chambres où ils ont accompli leurs actes ignobles ».
« Les agents de la police ont détruits deux véhicules qui étaient stationnés dans la cour, sans compter les d’écrans plats, les congélateurs, les armoires et valises. Pour l’instant, nous n’avons pas évalué l’argent qu’ils emportés avec eux. Mais c’est une importante somme de francs guinéens », a expliqué ce jeune victime.
Trouvé à son domicile, Wansan BAH se dit aussi victime des agissements des officiers de police qui,selon lui ont détruit son véhicule avant de défoncer la porte de son voisin : « C’est le groupe de Bafoe(Géneral Ansoumane Camara, nouveau directeur national de la police, ndlr) qui sont venus au départ semer la terreur dans le quartier. Lorsque tout le monde est rentré dans les concessions. Les agents ont tiré des gaz lacrymogènes et ont utilisé des coupes-coupes, des piquasses, des burins et des marteaux pour défoncer les portes de certaines maisons. Ils ont blessés certains qu’ils ont arrêtés. C’est dans ces circonstances, qu’ils ont détruit mon véhicule et les para-prises d’un autre garé tout près ».
Dans leurs actes répréhensibles, les agents de la CMIS n’ont pas épargné les vieux, nous a témoigné Alpha Amadou Diallo : « Ils ont détruits les portes et nous ont trouvé dans la maison. Ils nous ont frappé à mort avant de mettre dans leur pick-up. Moi qui vous parle actuellement, je me suis échappé lorsqu’ils ont garé pour s’introduire dans une famille. Ils ont arrêtés plusieurs jeunes et un de mes enfants. Ils ont tout détruit dans les différentes chambres et volé beaucoup
d’argents et de vêtements ».
Des larmes aux yeux, ce vieux d’une soixantaine d’années ne sait plus à quel saint se vouer : « Ils qualifient notre communauté de batards et de maudits. Nous sommes victimes d’injustice dans ce pays. Nous sommes frappés innocemment et nos femmes sont violées alors que nos enfants sont tués. Nous n’avons pas où se plaindre. Nous demandons à la communauté de nous aider pour que cela cesse définitivement en Guinée ».
Ce n’est pas tout puisque dans une famille nous révèle Mariama Baïlo Barry, les services de sécurité ont menacé de tuer plus d’une centaine de personnes pour venger la mort de leur agent lynché hier jeudi à Wanindara : « Ils ont venus brûler une moto qui était garée chez nos voisins et voler deux autres. Après, ils ont arrêté mon mari et deux autres jeunes avant de s’introduire dans notre maison où ils ont détruit nos biens et volé de l’argent. Ils ont emporté aussi avec eux deux téléphones touches-écrans et six (6) autres téléphones portables».
« Ils m’ont trouvé dans la chambre pour nous dire, cette fois vous allez mourir. Ils disent qu’ils vont tuer 200 (deux-cent) personnes comme les manifestants ont tué un de leur agent», a-t-elle dénoncé.
De même, Fatoumata Binta Diallo a exprimé son ras-le-bol en ces termes : « Ils ont détruit les portes et emporté une importante quantité d’argent. Mais Dieu merci comme ils nous ont pas tué. Ces agents de la sécurité se disent prêts à mettre un terme à notre vie. Mais, ils ne pourront pas par grâce divine ».
Thierno Amadou Oury BALDE