La mesure d’installation des patrouilles mixtes (la gendarmerie, la police et l’armée) sur l’Axe Hamdallaye, Bambéto, Cosa, Enco5, Wanindra, Cimenterie, Kagbélen suscite une vive polémique dans l’arène politique nationale.
Même le gouvernement justifie sa décision parue dans un communiqué publié le lundi, 19 novembre par la lutte contre l’insécurité et le grand banditisme sur les principaux axes de la ville de Conakry, il n’est exempté de suspicion pour dissuader les démarches de protection de la classe politique de l’opposition et de la société civile.
Sur ce, les patrouilles mixtes composées de la police, de la gendarmerie mais surtout de l’armée, dans la capitale, ne semble pas faire l’unanimité au sein de l’opinion.
Selon l’honorable Amadou Damaro Camara, président du groupe parlementaire du RPG Arc-en-ciel, tous les citoyens épris de paix devraient se réjouir de la décision prise par les autorités : « Je précise d’abord que contrairement à ce que certains pensent, ces patrouilles ne sont mises en place uniquement pour l’axe Hamdallaye-Kagbelen. Le communiqué dit clairement que ces patrouilles s’effectueront sur les principaux axes de la ville de Conakry. Il ne faut pas donc singulariser comme certains le font déjà. Deuxièmement, nous connaissons tous le problème d’insécurité à Conakry, donc si les autorités prennent des dispositions pour enrayer cette insécurité, le grand banditisme dans la capitale, tout le monde devrait s’en réjouir ».
Ajoutant : « il n’y a pas dans aucun pays du monde, de sécurité parfaite. Mais, les autorités doivent prendre toutes les mesures possibles pour sécuriser au maximum les citoyens et leurs biens ».
Aux Etats-Unis indique-t-il, « quand la police est débordée, on fait descendre les gardes républicaines qui sont armées plus que les militaires en Irak ».
De son côté, l’ancien vice président de l’UFDG s’oppose à la décision du gouvernement qu’il trouve inopportune.
« Avant de prendre une position extrême, c’est-à-dire, faire jouer aux forces armées un rôle de maintien d’ordre, il faut au préalable faire ce que la loi indique. C’est-à-dire, veiller à l’application stricte de la loi en ce qui concerne les aspects civils. Mais, si cela n’est pas fait, on prend une décision maximale alors que le minimum n’a pas été appliqué, vous voyez ce que ça donne », a déclaré Bah Oury, président de l’UFDG pour le Renouveau.
Si on veut que le calme revienne sur l’axe a-t-il précisé, « il faut que la loi soit appliquée. S’il y a des problèmes lors d’une manifestation, que les organisateurs soient interpelés pour répondre, si cela se passe, vous verrez que prochainement, chacun fera attention à ce que le problème ne vienne pas de son côté ».
Au micro de nos confrères d’Espace fm le mardi 20 novembre 2018, Ousmane Gaoual Diallo, conseiller politique de l’UFDG a fustigé le communiqué du gouvernement relatif à l’intervention de l’armée dans le maintien d’ordre.
« Il n’y a aucune nécessité de mettre des patrouilles mixtes. Et puis, quand on dit patrouille, on invoque une loi, la loi sur le maintien d’ordre. La manifestation, c’est le jour. Il n’y a jamais un pays où on fait les manifestations la nuit. Le maintien d’ordre, n’est pas concerné par les patrouilles. Mais Pourquoi, on évoque une loi sur le maintien d’ordre et on parle de patrouilles nocturnes sur la ville de Conakry ? C’est à dire qu’il y a un problème dans leur propre présentation. Quand on dit la loi sur le maintien d’ordre, c’est la gendarmerie et la police. L’armée ne vient pas en maintien d’ordre », a précisé le député uninominal de l’UFDG.
Craignant d’éventuels dérapages avec l’intervention de l’armée, le principal conseiller de Cellou Dalein Diallo opte pour une solution plus adéquate avec le retrait des militaires dans les opérations maintien d’ordre : « Quand vous prenez des militaires qui ne sont pas habillés comme les policiers et ils ne sont pas équipés de la même manière, ça veut dire que même face à une petite provocation d’un civil, ils n’ont pas d’autres alternatives que l’usage de l’arme de guerre, parce qu’ils n’ont pas d’autres équipements. Je pense que c’est une faute qui peut avoir des conséquences dramatiques dont il faut dénoncer la mise en application, pour éviter d’amener le pays vers le chaos ».
Thierno Amadou Oury BALDE