Inévitable que cela puisse être, une nouvelle crise politique marque son retour en Guinée. Celle-ci n’est que le prolongement de la crise de confiance née des élections locales du 04 février dernier.
Alors que l’installation des exécutifs communaux dans plusieurs collectivités locales s’est opérée malgré les conditions difficiles mais sans l’invalidation d’aucun scrutin relatif à l’élection des maires, la commune de Matoto sera peut être l’exception des exceptions. Puisque le Ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation invite les acteurs à reprendre l’élection, pendant l’UFDG réclame la victoire de son candidat Kalemodou Yansane et le parti au pouvoir crie aux irrégularités.
Quoi que cette élection puisse ressembler, le principal parti de l’opposition guinéenne s’oppose à la demande du ministre de l’Administration du territoire et de la Décentration car selon lui, ce dernier n’est pas légalement compétent pour invalider un scrutin.
C’est pour quoi ce mercredi 19 décembre 2018, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée a convié ses militants de Conakry et des villes environnantes à une « importante rencontre » sur la situation qui prévaut à Matoto.
« Il faudrait que chacun se lève pour empêcher ce vol que le RPG Arc-en-ciel veut faire à Matoto . Nous sommes dans une République et non dans une jungle. Les règles sont connues et elles doivent être respectées à la lettre. Ce n’est pas la volonté des individus qui comptent. On est régi par la Loi qui doit être respectée. L’élection du maire de Matoto s’est passée dans les règles de l’art, les conseillers ont voté tranquillement pour le candidat de leur choix conformément à la Loi, le dépouillement a été fait suivi du décompte. Kalémodou a gagné », a indiqué Dr Fodé Oussou Fofnana, vice-président de l’UFDG.
Sur ce, le président du groupe parlementaire des Libéraux Démocrates a également pointé un doigt accusateur sur le Ministre Bouréma Condé de vouloir manœuvrer pour le parti au pouvoir.
« Il n’y a aucune anomalie qui peut invalider cette élection. Ceux qui pensent qu’ils sont capables de faire de ce pays ce qu’ils veulent parce qu’ils ont la puissance publique, ils rêvent débout. Ils trouveront le peuple de Matoto devant eux, ils trouveront l’opposition devant eux », a prévenu Dr Fodé Oussou Fofana.
De son côté, le parti au pouvoir reste tout droit dans ses bottes. Le RPG arc-en-ciel n’y voit aucun obstacle sur la reprise de l’élection à Matoto.
A travers les médias, la mouvance présidentielle balaye d’un revers de la main les accusations du principal de l’opposition. Selon l’honorable Amadou Damara Camara, les adversaires du parti au pouvoir n’ont que deux solutions : « Ils auront le choix de participer à la reprise de l’élection ou de refuser et faire des manifestations. La loi est claire. C’est le ministre de l’administration du territoire qui supervise, qui valide l’installation des exécutifs des communes. C’est comme dans un match de football, le but peut paraître évident, mais il y a un arbitre et un commissaire du match qui valident la victoire d’un camp contre un autre ».
Pour le député du RPG, l’UFD fait l’amalgame entre contentieux électoral et contentieux d’installation : « Ce n’est pas un contentieux électoral. C’est un contentieux d’installation de l’exécutif entre les élus qui trouvent les moyens de désigner les membres de l’exécutif communal. Les élections sont terminées. Elles ont été organisées par la CENI. Le ministre de l’administration du territoire n’organise pas d’élections, il supervise l’installation des communes. Cela relève totalement du ministre qui a le droit de valider par un arrêté. C’est un pléonasme de dire qu’il a la possibilité de valider mais qu’il n’a pas la possibilité d’invalider ».
Thierno Amadou Oury BALDE