Devant la presse mercredi 29 mai 2019 pour dresser le bilan de ses 12 mois de coordination de l’action gouvernementale, parler des défis à relever et des perspectives de son gouvernement, le Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana s’est montré favorable à l’adoption d’une nouvelle constitution.
« Je crois que la question est importante et elle est d’actualité. Vous m’avez interpellé en tant que citoyen, je vais vous donner ma réponse de citoyen et après je viendrai à celle du gouvernant. En tant que citoyen, je paraphrase Zobgélémou en tant que constitutionnaliste d’Etat en disant : ‘’on ne peut pas défendre une constitution en la violant ». Et, le débat en cours donne l’impression que les uns et les autres violent la constitution. La constitution garantit la libre opinion, qu’on soit d’accord ou pas d’accord sur le sujet, il faut que les Guinéens s’expliquent et c’est dans la diversité d’opinions que peut émerger la lumière et le consensus peut être trouvé.
Il y a qui estiment qu’il ne faut pas toucher la Constitution, c’est une Bible. Je n’en connais pas de mon expérience intellectuelle en dehors des États-Unis même dans ce cas, la constitution de 1787 a fait l’objet d’une vingtaine d’amendements. Si non, les constitutions changent au rythme des mutations sociales, c’est pour ça on parle de première République, deuxième, troisième ou cinquième. C’est pour fixer dans le temps, les changements constitutionnels qui régissent la vie des nations à telle ou telle époque. En tant que citoyen, il m’est arrivé de poser la question la semaine dernière au gouvernement individuellement en invitant chaque ministre de se prononcer sur le principe de Oui ou Non d’une nouvelle constitution. La réponse est unanime, il n’y a pas de doute. Pourquoi ? Parce que, laissons la question de légitimité ou d’illégalité de la constitution existante, il n’a pas fait l’objet dit-on de suffrage universel. Mais, il y a beaucoup de dispositions même dans mes fonctions actuelles, il y a une confusion. Relisez les dispositions relatives à la fonction présidentielle telles que défini dans la constitution et celle du Premier ministre, ce n’est pas précis, il faut préciser. Nous avons une constitution qui consacre une douzaine d’institutions républicaines dont le fonctionnement en termes de coût est très lourd pour les jeunes démocraties que nous sommes. Certains pays ont changé de constitution pour cette raison seule. Nous avons une constitution qui fait renoncer la Guinée à ses marques habituelles historiques de panafricaniste. Les deux premières constitutions républicaines, celle de 58 et celle de 82 consacrent le panafricaniste de la Guinée. Notre hymne national est bâti sur la philosophie du panafricanisme. Notre constitution qui est le socle de cette vocation n’en parle pas. Oui ou non il est raisonnable de revenir sur ces fondamentaux ? Donc, la question d’une nouvelle constitution en tant que citoyen, je dis oui, en tant que gouvernant je dis oui. Et la démocratie c’est aussi le respect de l’opinion différente de l’autre. Mon appel aux Guinéens, ce qu’on se respecte les uns des autres dans notre diversité d’opinions », a-t-il déclaré en toute sérénité.
Propos transcrits par Mohamed Camara