Comme si la grande exploitation des mines dans les régions de Boké (Boffa, Boké, Sangarédi) et de Kindia, appelée ces derniers temps, le grand boom de bauxite en Guinée n’avait pas fini de nous donner toutes les leçons et des frisons qui s’apparentent à une malédiction. Ce qui en découle en termes de  gouvernance minière, d’impact  environnemental, d’impact sur le développement  local, de la croissance appauvrissante est absolument décevant. Pourtant, la Guinée en 2019, vient de dépasser le Brésil pour se placer 3ème producteur mondial de Bauxite, malgré le manque d’infrastructures persistant, avec plus de 60 millions de tonnes produits, derrière la Chine avec 70 millions de tonnes et l’Australie avec 85 millions de tonnes. Ce constat devrait nous donner à réfléchir mille fois, avant de brader un gisement aussi important que celui de Simandou.

Brader Simandou !

 

A quelques mois de la fin  de son dernier mandat, Alpha Condé et son gouvernement veulent brader coûte que coûte  le Gisement de fer de Simandou qui constitue l’un des  plus grands gisement de minerais  de fer au monde avec une réserve estimée à 2, 4 milliards de tonnes, avec une teneur en fer de 65 %.  Pourquoi faire ? Alors qu’avec l’exploitation des minerais rouges déjà encours, le gouvernement guinéen vise une production de 100 millions de tonnes par an. Tous les deux jours, 185.000 tonnes de Bauxite quittent les ports de Dapilon et de Koukoutamba (Guinée)  en direction du port de Yansai (Chine).

Qu’en est-il du gisement de fer du mont Nimba, du Gisement de Graphite de Lola  estimé à 54 600 tonnes, des mines de fer de Yomboyeli (Forécariah) estimé à 3 millions tonnes et des différentes mines d’Or  et de diamant ?

L’un des effets de la terrible gouvernance minière en Guinée est que la mise en vente des blocs 1 et 2 de Simandou, fraichement sortis d’un contentieux, ne servirait qu’aux cadres d’une administration hautement corrompue téléguidée depuis la Présidence de la République. C’est ce qui justifie le retour de la SOGUIPAMI (Société guinéenne du Patrimoine Minier) dans le portefeuille de la Présidence, des grandes firmes cotées en bourse et un trésor de guerre pour financer le troisième mandat d’Alpha Condé qui aura 82 ans en 2020.

Le chou gras des multinationales

Vendre le permis d’exploitation de Simandou, bloc 1 et 2 est un désastre. Actuellement  aucun groupe actuellement n’est prêt, à  exploiter ce gisement minier à court  et moyen terme, compte tenu des multiples fluctuations du prix du fer et d’immenses projets qui doivent en découler, attendus  des Guinéens afin de pouvoir  bénéficier de leur patrimoine minier.

Ce permis permettra plutôt à la compagnie propriétaire, d’avoir dans son actif, une mine très importante lui rendant la possibilité  d’être cotée en bourse, de vendre plus cher ses actions et  engranger  des millions ou des milliards de dollars sur  les marchés financiers. Pendant ce temps, la Guinée n’aura même pas un copeck.

Vouloir engager un procès après ce régime, pour récupérer un tel patrimoine coutera plus cher que cela pourrait paraître. Ainsi, c’est la Guinée qui perd. Simandou est une arnaque contre le peuple.

Pourquoi ce gouvernement ne rassure pas !

Malgré  la forte exploitation minière amorcée dans la région de Boké ou plus d’une douzaine de sociétés exploitent les mines dont entre autres (SMB, CBG, GAC, CBK,…)  et  transformée en Zone économique spéciale qui a permis à l’État guinéen d’engranger des centaines de millions de dollars ; pourtant, la région reste totalement orpheline des infrastructures sociales de base. Le taux de croissance du pays annoncé entre 6 à 7 % stimulé par exploitation, continue plutôt à appauvrir les populations locales.

Après 60 millions de tonnes exportées, les populations manquent de routes, d’écoles, de centres de santés, de CHU, de logements sociaux et d’électricité… A tout cela, s’ajoute un chômage chronique des jeunes  par manque d’unité de transformation sur place, capable de créer des niches d’emplois.

Quand à l’impact environnemental, c’est un véritable drame. Selon un rapport de Human Rights Watch, un collectif de 30 villages situés dans les zones minières de Boké avaient porté plainte et dénoncé la destruction de l’environnent.  Cette exploitation incontrôlée a entrainé des pertes des terres cultivables, des moyens de subsistance, la destruction des rivières et marigots par la boue, la pollution de l’atmosphère par la poussière soulevée par les camions de transport de bauxite…

L’autre arnaque, c’est le FODEL (Fonds de Développement  Economique et Local) qui a été créé pour transférer 15 % des recettes minières qui doivent être gérées par l’ANAFIC (Agence National de Financement des Collectivités).  Malheureusement,  ce fond  est devenu le fruit d’une vaste escroquerie, détourné de son objet  et un instrument de propagande pour le 3eme mandat dans les 342 communes du pays.

Ne touchez pas Simandou !

Eu égard à la grande  corruption qui gangrène l’administration et le secteur minier guinéen, ce gisement doit être préservé. Simandou est notre patrimoine. L’existence de la Guinée ne se limitera pas  en 2020, ni sous le régime d’Alpha Condé. Ne Touchez pas à Simandou ! Le peuple doit se mobiliser pour sa préservation.

Ahmed Tidiane Sylla

ahmedtidianes@gmail.com