Ce roi du diamant avait acquis en 2008 des permis miniers dans la réserve de fer inexploitée de la région de Simandou, en Guinée. C’est dans ce cadre qu’il est accusé avec deux autres prévenus de « corruption d’agent public ».

Six ans après l’ouverture de la procédure, le ministère public suisse a retenu deux infractions contre l’homme d’affaires franco-israélien Beny Steinmetz et deux de ses collaborateurs dont l’identité n’a pas été dévoilée par la justice : « corruption d’agent public étranger » et « faux dans les titres ».

Dans l’acte d’accusation déposé par le procureur en charge du dossier, les trois prévenus sont accusés d’avoir, entre 2005 et 2010, « versé ou fait verser des pots-de-vin à [Mamadie Touré] l’une des épouses de Lansana Conté », l’ancien président guinéen.

Objectif : permettre à la firme Beny Steinmetz Group Resources (BSGR), appartenant au milliardaire franco-israélien, d’obtenir des licences dans la mine de fer de la région de Simandou, dans le sud-est du pays, le plus grand gisement de fer encore inexploité en Afrique. En 2008, l’entreprise de Beny Steinmetz avait obtenu le permis pour le bloc 1 et 2 – sur les 4 blocs au total – grâce à un décret du président Lansana Conté, signé quelques semaines avant sa mort.

Selon le parquet, les pots-de-vin versés s’élèveraient à environ dix millions de dollars. Des sommes qui auraient permis d’évincer le groupe minier rival australo-britannique Rio Tinto, à qui appartenaient tous les titres de propriété. Ces commissions illégales auraient transité par des comptes suisses, où était domicilié le roi du diamant, sous couvert de faux contrats et de fausses factures. La majeure partie de l’activité du groupe BSGR était domicilié à Genève.

L’enquête suisse a pu aboutir notamment grâce à la coopération de la justice américaine qui s’est intéressée à l’épouse du défunt président guinéen, Mamadie Touré, partie s’installer aux États-Unis, et qui selon le quotidien Le Monde aurait reconnu sa culpabilité.

Beny Steinmetz est déjà cité dans d’autres dossiers de corruption en Afrique, mais aussi en Roumanie. Devant le tribunal correctionnel de Genève, le roi du diamant risque cette fois entre deux et dix ans de prison. Aucune date de procès n’a pour l’instant été fixée.

Par RFI