Justice

En audience correctionnelle ce mercredi 26 février 2020, le tribunal de première instance de Kaloum a entendu El hadj Oumar Barry, directeur national des investissements routiers.

Poursuivi pour tentative de  détournement des deniers publics sur un  montant de 243 milliards de francs guinéens depuis 2011,  le prévenu a nié les faits à lui  reprocher.

A l’en croire, il est victime de complot et d’acharnement de ses pairs qui ont profité de son absence du pays pour initier une  action  en justice contre lui. Une action ayant conduit à sa condamnation par défaut. A son retour, il manifeste une opposition contre  l’ordonnance du juge d’instruction.

Dans ses réquisitions, le ministère public  ne trouve pas de charge suffisante pour demander la condamnation du prévenu.

« El hadj Oumar Barry avait fait l’objet de poursuites dans une affaire antérieure et renvoyé devant le tribunal correctionnel en septembre 2011. Il a été condamné par défaut comme il était absent du Territoire national pour se soigner. Durant cette procédure,  je ne trouve aucun élément qui puisse incriminer le prévenu ici présent. Le seul motif brandi par le juge d’instruction dans l’ordonnance de renvoi, c’est son absence du territoire », a expliqué le procureur Abdoulaye Israël Kpogomou

S’il s’est déplacé pour aller se soigner poursuit-il, « on ne peut pas  l’en vouloir. Le prévenu pouvait rester auprès de sa famille au Canada, mais il est revenu pour s’opposer au jugement par défaut ».

« La condamnation par défaut  ne veut pas dire forcément culpabilité. Je n’ai aucun élément de preuve qui puisse m’obliger à requérir la condamnation surtout qu’il s’agit d’une tentative de détournement. Je demande de lui renvoyer des fins de la poursuite», a requis le parquetier.

Pour sa part,  la défense indique que le prévenu est victime de sa loyauté et du service qu’il a rendu à sa nation.

« C’est cadre technicien au fond d’investissement routier qui a servi notre République avec loyauté. Il est victime de  ses compétences et sa brillance. On a profité d’un changement de situation, pour lui remplacer au poste de directeur national en inventant une prétendue tentative de détournement de derniers  publics sur un montant de 243 milliards GNF. Lorsque l’affaire a été montée, il s’est trouvé qu’il était à l’extérieur du pays pour se faire soigner.  Il n’a jamais été établi à travers des pièces à conviction que le prévenu s’est rendu coupable d’une tentative de détournement dans la passation d’un marché public », a déclaré Me Alpha Mamoudou Barry.

Pour ce dernier, le dossier de son client est vide : « il est victime de sa loyauté, d’un abus.  On ne peut pas parler de marché public ans un appel d’offre ».C’est pourquoi plaide-t-il au président du tribunal, « rétracter à son endroit le jugement par défaut, ordonné sa relaxe pure et simple en mettant  les frais et dépens à la charge de l’agent judiciaire de l’Etat ».

A l’absence de l’agent judiciaire qui représente la partie civile, le prévenu  plaide non coupable pour assurer sa défense: « je comprends que la justice guinéenne évolue. Un projet d’exécution commence par l’étude. J’ai quitté le pays en septembre pour me soigner et ils ont comploté contre moi en octobre. Relaxez-moi, pour que je continue de travailler. Parce que je ne suis pour rien »

Finalement,  le président du tribunal Mohamed  Diawara a renvoyé l’affaire 18 mars 2020 pour délibérer.

Thierno Amadou Oury BALDE