En commémorant la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, le Secrétaire général des Nations Unies a mis en garde mercredi contre l’impact des formes contemporaines d’esclavage, en soulignant que ces pratiques odieuses n’ont pas leur place au XXIème siècle.
Dans un message, le Secrétaire général, António Guterres, a déclaré que les manifestations mondiales de cette année contre le racisme systémique ont attiré une attention renouvelée sur un « héritage d’injustices dans le monde entier dont les racines se trouvent dans la sombre histoire du colonialisme et de l’esclavage ».
« Mais l’esclavage n’est pas simplement une question d’histoire », a-t-il ajouté.
Dans le monde, plus de 40 millions de personnes sont encore victimes de l’esclavage moderne, dont environ 25 millions en travail forcé et environ 15 millions en mariage forcé, selon les estimations des Nations Unies. Une victime sur quatre est un enfant, et les femmes et les filles représentent 71% des victimes.
Pour chaque millier de personnes dans le monde, il y a 5,4 victimes de l’esclavage moderne. Un enfant sur dix travaille.
Sur les 24,9 millions de personnes soumises au travail forcé, 16 millions sont exploitées dans le secteur privé, comme le travail domestique, la construction ou l’agriculture. En outre, 4,8 millions de personnes sont exploitées sexuellement et 4 millions sont employées par les autorités de l’État.
Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée par le travail forcé, représentant 99% des victimes dans l’industrie du sexe et 58% dans les autres secteurs.
L’inégalité « renforce » encore la discrimination
« Les groupes pauvres et marginalisés, en particulier les minorités raciales et ethniques, les peuples autochtones et les migrants, sont touchés de manière disproportionnée par les formes contemporaines d’esclavage », a déclaré M. Guterres.
« L’inégalité entre les sexes renforce encore les schémas de discrimination », a-t-il ajouté.
L’esclavage se manifeste par la servitude fondée sur l’ascendance, le travail forcé, le travail des enfants, la servitude domestique, le mariage forcé, la servitude pour dettes, la traite des personnes à des fins d’exploitation, notamment sexuelle, et le recrutement forcé d’enfants dans les conflits armés.
Le chef de l’ONU a exhorté toutes les couches de la société à renforcer leurs efforts collectifs pour mettre fin à ces pratiques odieuses.
« J’appelle à un soutien pour identifier, protéger et responsabiliser les victimes et les survivants, notamment en contribuant au Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage », a-t-il ajouté.
Dans son message, le Secrétaire général a également rappelé la pertinence de la Déclaration et du Programme d’action de Durban, un document complet, orienté vers l’action, qui propose des mesures concrètes pour combattre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Le Programme reconnaît que l’esclavage et la traite des esclaves sont des crimes contre l’humanité, et qu’il aurait toujours dû en être ainsi.
« Ce document historique définit l’esclavage et les pratiques analogues à l’esclavage comme des violations flagrantes des droits de l’homme … nous ne pouvons pas accepter ces violations au XXIe siècle », a fait valoir M. Guterres.
La Journée internationale
La Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage, commémorée chaque année le 2 décembre, marque la date d’adoption de la Convention des Nations Unies pour la répression de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui. La Convention est entrée en vigueur en 1951.
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