C’était il y a 75 ans. Le 20 novembre 1945, au lendemain de la fin de la seconde guerre mondiale, s’ouvrait plus grand procès de l’histoire

Nous sommes le 20 novembre 1945. Devant des juges des quatre puissances alliées, une vingtaine des plus hauts responsables du régime nazi vont devoir répondre de leurs actes.

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Avec des juges venus des Etats-Unis, de Russie, de France, le procès se déroule en plusieurs langues, dans une atmosphère très calme et oppressante, au point que l’on n’entendait que les bruits des machines des traducteurs, se souvient la secrétaire d’un des avocats.

24 des principaux responsables nazis encore en vie sont accusés de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité devant le Tribunal militaire international de Nuremberg. Parmi les accusés se trouvent Hermann Göring, ancien numéro 2 du régime, Joachim von Ribbentrop ou encore Rudolf Hess, ancien adjoint d’Adolf Hitler.

Pour ce procès hors norme, les procureurs ont réussi à réunir en seulement six mois quelque 300.000 témoignages et plus de 6.500 pièces à conviction.

Quasiment un an plus tard, le verdict tombe le 1er octobre 1946 : le tribunal prononce douze condamnations à mort et de lourdes peines de prison.

Le procès de Nuremberg marque ainsi la naissance de la justice internationale.

De Sierra Leone au Liban

Début 1946, un équivalent naît en Asie avec la création du Tribunal militaire de Tokyo, sous l’impulsion des Américains, pour cette-fois juger les criminels de guerre japonais de la seconde guerre mondiale.

Si c’est le début de la justice internationale, cela reste pour le moment la justice des vainqueurs de la guerre.

L’ancien président yougoslave Slobodan Milosevic lors de son procès au Tribunal pour l’ex-Yougoslavie

Il faudra ensuite attendre le début des années 90 pour un nouvel élan. Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie voit le jour, spécialement créé par une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu afin de juger les responsables de crimes de guerre dans les Balkans.

Pendant près de 20 ans, ce tribunal va traiter plus de 160 mises en accusations et condamner près d’une centaine de personnes.

On parle d’un tribunal ad hoc, puisque conçu pour une occasion précise et temporaire.

D’autres vont suivre pour la Sierra Leone, le Cambodge ou le Liban.

Naissance de la CPI

Quant à une juridiction internationale permanente, elle ne naît qu’en 2002 avec l’entrée en fonction de la Cour pénale Internationale. Elle rassemble plus de 120 Etats membres, dont une trentaine de pays africains, avec un siège aux Pays-Bas dans la ville de La Haye.

Le premier procès de la CPI sera celui de l’ancien chef de guerre Thomas Lubanga.

La Cour va d’ailleurs rester focalisée sur les crimes commis en Afrique en jugeant en grande partie des dirigeants africains comme l’Ivoirien Laurent Gbagbo ou encore le Kenyan Uhuru Kenyatta.

Cela lui vaut des critiques qui dénoncent un acharnement néo-colonialiste même si, dans de nombreux cas de poursuites, ce sont les gouvernements africains eux-mêmes qui ont saisi la CPI.