Les directives qui guident les gouvernements, les entreprises et les consommateurs à tirer profit du commerce durable de plantes et d’animaux intègrent désormais les aspects liés à la résilience au climat et à la biodiversité marine.

La CNUCED vient d’actualiser les principes et critères du programme Biotrade, un ensemble de directives à l’intention des gouvernements et des entreprises pour un commerce respectueux de la biodiversité. Objectif : répondre aux défis et priorités d’aujourd’hui et de demain.

Le terme “BioTrade” désigne la fourniture et la commercialisation de biens et de services issus de la biodiversité d’un pays. La production de jujube au Myanmar ou l’élevage de strombes géants dans les Caraïbes en sont des exemples.

Le commerce mondial illégal d’espèces sauvages s’élève à plusieurs milliards de dollars. Il contribue à une destruction accélérée de la biodiversité : les experts des Nations Unies estiment qu’un million d’espèces végétales et animales sont aujourd’hui menacées d’extinction. Le problème n’est pas seulement l’effondrement des écosystèmes. Il faut aussi envisager un risque accru de nouvelles pandémies telles que celle de la COVID-19.

Les directives BioTrade, établies en 2007, définissent la manière de commercialiser de manière durable les précieuses ressources naturelles de la Terre sur les plans environnemental, social et économique.

“La biodiversité est une préoccupation et une priorité globales. Il est essentiel de tirer les leçons des meilleures pratiques, de l’expérience accumulée et de s’inspirer des cadres juridiques et politiques existants. C’est le cas grâce à l’actualisation de ces principes et critères, véritable mode d’emploi pour les acteurs de terrain dans ce domaine”, a déclaré Isabelle Durant, Secrétaire générale adjointe de la CNUCED.

Les sept principes traitent de questions telles que la conservation, la restauration et l’utilisation durable de la biodiversité, le partage équitable des profits tirés du BioTrade entre les différents acteurs et le respect des droits des populations autochtones comme des communautés locales.

Les principes et critères tels qu’actualisés tiennent compte des expériences, des meilleures pratiques et des leçons tirés par les partenaires et les acteurs de terrain depuis leur première édition, tout en intégrant de nouveaux aspects tels que la résilience climatique, la biodiversité marine et le tourisme durable.

Ils permettent également une mise à niveau des droits des travailleurs, incorporant les questions de santé et de sécurité, ainsi que de répartition des bénéfices dans le cadre du Protocole de Nagoya.

De réels bénéfices pour les gouvernements, les entreprises et les travailleurs

Cet ensemble de principes et critères vise à encourager le commerce et l’investissement dans l’exploitation de ressources naturelles uniques, dans les pays en développement. Il s’agit notamment de diverses espèces de la flore et de la faune, des ressources génétiques et des écosystèmes, tout en assurant leur conservation et leur valorisation à long terme.

A ce jour, ils ont été mis en œuvre dans plus de 65 pays parmi lesquels on compte plusieurs exemples d’adoption réussie de cet ensemble, effectuée conjointement par les gouvernements, les entreprises et les communautés.

Au Myanmar, ces principes et critères ont permis d’améliorer la santé et la sécurité des travailleurs de Salay Shae Saung, petite entreprise de production de sirop naturel de jujube et de tamarin aux vertus immunisantes. Une meilleure traçabilité associée à une information plus précise sur les sites de production et sur les agriculteurs a permis à l’entreprise de poursuivre ses activités pendant les restrictions liées à la COVID-19, tout en assurant la sécurité et l’emploi des employés, parmi lesquels beaucoup sont des femmes.

En Namibie, la coopérative des femmes d’Eudafano produit des dérivés de graines de marula et de melon kalahari pour l’industrie cosmétique nationale et internationale, conformément aux principes et critères du BioTrade. Plus de 4 000 femmes, sans compter leurs communautés, tirent profit de cette activité.

Au Pérou, un laboratoire de produits naturels, Takiwasi, associé à une organisation de producteurs indigènes, Ampik Sacha, ont élaboré un modèle commercial basé sur la connaissance traditionnelle des plantes médicinales dans la région de San Martín, au bénéfice à la fois des personnes et de la nature.

Ce programme, qui est conforme aux principes de répartition juste et équitable des bénéfices, permet d’améliorer les conditions de vie de la population indigène, de préserver l’héritage traditionnel tout en encourageant l’utilisation durable des ressources forestières.

“Les principes et critères actualisés contribueront à renforcer le respect des règles par les entreprises à l’avenir”, a déclaré Diego Llosa Velásquez, Vice-Ministre du commerce extérieur du Pérou. “Nous nous engageons à travailler avec un plus grand nombre d’entreprises en intégrant le BioTrade comme modèle commercial durable”.

Après deux ans de consultations avec les gouvernements, les entreprises et les entrepreneurs, un bilan a été fait des expériences menées depuis 2007 dans la mise en œuvre de ces principes et critères.

Un outil d’auto-évaluation du BioTrade en ligne est utilisé pour aider les entreprises dans leurs initiatives vers un commerce respectueux de l’environnement.

Le BioTrade durable aujourd’hui et demain

Les principes et les critères ont été mis à jour dans le cadre du programme mondial BioTrade lancé par la CNUCED en 2018, avec le soutien du Secrétariat d’État suisse à l’économie (SECO).

Ils sont ainsi plus étroitement alignés sur les principaux accords multilatéraux sur l’environnement, comme la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Ils sont également conformes à l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable, à l’accord de Paris sur le climat et au protocole de Nagoya sur l’accès aux ressources génétiques et au partage des bénéfices qui découlent de leur exploitation.

Les partenaires du programme BioTrade de la CNUCED ont demandé que les principes et critères actualisés soient intégrés dans le nouveau cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020, qui constituera la feuille de route en faveur de la protection de la biodiversité pour la prochaine décennie.

Ce cadre devrait être adopté lors de la 15e Conférence des parties à la CDB, qui se tiendra au cours du deuxième semestre 2021. Les partenaires ont également encouragé un plus grand nombre de pays et de partenaires à utiliser ces principes et critères pour faire émerger des secteurs, des entreprises et des communautés résilients.