Poursuivi « faux et usage de faux, et harcèlement moral » par son ancien directeur des ressources humaines, le Directeur Général de la Banque Islamique de Guinée (BIG), sera fixé sur son sort le 22 février prochain..
Dans cette affaire, Sidy Dieye est poursuivi en tant que personne physique ; mais aussi en tant que représentant de la banque islamique de Guinée (personne morale) au préjudice de l’ancien responsable des ressources humaines de ladite banque, Amadou Bah qui l’accuserait de licenciement injuste et abusif sur la base de faux documents.
Au terme de l’audience du tribunal correctionnel de Kaloum, le plaignant a demandé de condamner solidairement la BIG et Sidy Dieye à lui payer la somme de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommage et intérêts pour le préjudice subi. L’avocat de la partie civile, Me Elhadj Madiou Barry, a plaidé en ces termes : « Monsieur Amadou Bah a été engagé à la Banque Islamique de Guinée en tant que responsable des Ressources humaines. Mais, monsieur le président, à un moment de l’exercice de sa fonction, Amadou Bah a eu une situation difficile. Son papa est tombé malade et a été admis à l’hôpital dans état critique. Au même moment, sa femme aussi est tombée malade. Elle a même perdu son bébé dans le même temps. C’est au cours de ce moment difficile que monsieur Bah recevait du Directeur Général de la Banque Islamique de Guinée des mails à des heures indues qui contenaient des propos quelquefois déplacés… Courant septembre 2018, Amadou Bah a été rétrogradé de son poste de DRH au poste de charger de la clientèle à Lambanyi. Puis, il a été suspendu de ses fonctions ; et, enfin, il a été licencié sur la base d’un faux document. Ces actes à travers lesquels monsieur Bah a été mis dans cette situation très difficile ont été attaqués devant le tribunal de travail. Ce tribunal a annulé ces actes et a ordonné le rétablissement immédiat de monsieur Bah dans ses fonctions de DRH. Ce qui n’a pas été fait, malgré toutes les dispositions prises dans ce sens. La Banque Islamique de Guinée a interdit à monsieur Bah l’accès à son bureau… »
« La Banque Islamique de Guinée, représentée ici par son Directeur Général, Sidy Dieye, et monsieur Sidy Dieye en tant que personne physique ont effectivement commis les faits de faux et usage de faux, harcèlement moral au préjudice de monsieur Amadou Bah. C’est pourquoi, nous plaidons qu’il vous plaise de retenir la Banque Islamique de Guinée et monsieur Sidy Dieye dans les liens de la culpabilité des faits à eux reprochés et les condamner solidairement au paiement de 5 milliards de francs guinéens à titre de dommages et intérêts au préjudice de monsieur Amadou Bah », a indiqué Me Elhadj Madiou Barry, avocat de la partie civile.
De même, le ministère public a demandé au tribunal de retenir les prévenus dans les liens de la culpabilité. Le procureur Ousmane Sankon a également requis un an de prison contre Sidy Dieye : « Amadou Bah nous a dit ici, au cours des débats, qu’il a été injustement rétrogradé, puis suspendu ; et, enfin, licencié de sa fonction de directeur des ressources humaines par la BIG sur la base d’un faux document. Il a été indiqué devant votre tribunal que ces décisions de la Banque Islamique de Guinée ont été attaquées au tribunal de travail ; et, ces décisions ont été annulées par ledit tribunal qui a d’ailleurs ordonné que monsieur Bah soit rétabli immédiatement dans ces fonctions de directeur des ressources humaines de la BIG.
Malgré le concours d’un huissier de justice désigné pour l’exécution de cette décision du tribunal, monsieur Bah n’a pas récupéré son poste de DRH. Il a été justifié lors des débats que les actes qui ont été pris par les prévenus contre le plaignant étaient sur la base d’un faux document que la Banque Islamique de Guinée considère comme son règlement intérieur.
Les décisions de rétrogradation, de suspension et de licenciement de la Banque Islamique de monsieur Amadou Bah n’ont pas été exécutées dans les règles de l’art. Monsieur Amadou Bah ne travaille pas aujourd’hui. Il a une famille à nourrir, il a des dépenses à faire. C’est lui seul qui sait comment il se débrouille depuis son licenciement pour nourrir sa famille.
C’est pourquoi, monsieur le président, le ministère public requiert qu’il vous plaise de retenir la Banque Islamique de Guinée et monsieur Sidy Dieye dans les liens de la culpabilité des faits de faux et usage de faux et harcèlement moral. Pour la répression, vous allez condamner la Banque Islamique de Guinée, représentée par son Directeur Général, monsieur Sidy Dieye, au paiement de 2 millions de francs guinéens d’amende ; et monsieur Sidy Dieye, en tant que personne physique ici présente, à un an de prison et au paiement d’un montant de 500 mille francs guinéens d’amende », a requis le procureur, Ousmane Sankon.
De leur côté, les avocats de la défense, ont plaidé pour la relaxe de leurs clients. D’après Me Mohamed Traoré et ses collègues les charges articulées contre la BIG et son Directeur Général sont injustifiée :
« Dans ce dossier, on reproche à nos clients des faits de faux et usage de faux, harcèlement moral. En ce qui concerne le faux et usage de faux, nous n’avons vu aucune preuve que nos clients ont commis ces faits à l’encontre de monsieur Amadou Bah. S’il y a du faux et usage de faux, ce serait peut-être de la part de monsieur Amadou Bah contre nos clients et non le contraire… S’agissant du harcèlement, nous n’avons vu aucune preuve non plus de harcèlement de monsieur Bah de la part nos clients. A aucun moment, la Banque Islamique de Guinée n’a eu une intention malveillante à l’endroit de monsieur Amadou Bah. Sur ce, nous, avocats de la défense, disons que les faits mis à la charge de nos clients sont injustifiées ; et, nous plaidons la relaxe pure et simple », a plaidé Me Mohamed Traoré.
Finalement, le tribunal a mis l’affaire en délibéré pour décision être rendue le 22 février prochain.
TAOB