L’Union africaine a lancé vendredi avec le soutien de l’UNESCO la première plateforme numérique en ligne visant à améliorer la protection des journalistes, à lutter contre les menaces et la violence à leur endroit, ainsi qu’à favoriser les mécanismes d’alerte rapide et à renforcer la capacité de réaction sur le continent.
« Les médias ont un rôle crucial à jouer dans le mouvement historique et continental des Africains pour construire un continent de leurs rêves », a déclaré le Président de l’Union africaine et de la République d’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, qui a co-présidé le lancement avec Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, et Jamesina King, de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (UA-CADHP), Rapporteure spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique.
Le Président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré s’est pour sa part félicité de l’initiative.
« Nous avons le devoir de défendre vigoureusement le droit des journalistes à faire leur travail de collecte, de publication et de diffusion de l’information, même si nous ne sommes pas d’accord avec tout ou partie de ce qui est dit ou écrit », a-t-il souligné ajoutant que son pays reste attaché à la liberté de la presse et à l’indépendance des médias.
« C’est pourquoi nous avons relu tous les textes législatifs qui violent la liberté des médias. Pour renforcer nos démocraties, plus aucun journaliste ne devrait aller en prison pour un délit de presse, et aucun journaliste ne devrait voir sa vie menacée dans l’exercice de sa profession », a-t-il ajouté.
Une plateforme consacrée à la sécurité des journalistes
La plateforme sera en mesure de fournir une réponse en temps réel sur l’ensemble du continent, afin de mettre fin à l’impunité des attaques visant les journalistes africains – harcèlement, arrestations arbitraires, agressions et assassinats.
Elle constituera un mécanisme de coopération qui assurera un suivi des attaques sur le continent et contribuera à la médiatisation de celles-ci ainsi qu’aux actions à envisager pour lutter contre l’impunité. Le dispositif permettra également de créer des synergies entre les parties prenantes afin de contraindre les auteurs des violences envers les journalistes et l’ensemble des médias à répondre de leurs actes.
La plateforme numérique assurera notamment la surveillance :
- des menaces pesant sur l’intégrité physique ou la sécurité des journalistes et d’autres acteurs des médias (blogueurs, écrivains, défenseurs des droits de l’homme et autres témoins de la chose publique)
- des cas d’impunité
- des menaces envers la confidentialité des sources des journalistes ou contre l’intégrité physique et la sécurité de celles-ci du fait de leur collaboration avec les journalistes, les médias, les défenseurs ou organisations des droits de l’homme
- des atteintes à la vie privée des journalistes
- des restrictions à la liberté de la presse, telles que l’intimidation (discours haineux, incitation à la violence) de la part des autorités judiciaires et politiques.
Cette initiative s’inspire de la Plateforme pour la protection du journalisme et la sécurité des journalistes du Conseil de l’Europe. Développée par des acteurs africains, la plateforme africaine a reçu le soutien de l’UNESCO par le biais de son Programme multi-donateurs pour la liberté d’expression et la sécurité des journalistes.
Elle sera alimentée par les actions conjointes des organisations partenaires, soit quatre organes de l’Union africaine (le Rapporteur spécial sur la liberté d’expression et l’accès à l’information de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples de l’Union africaine, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP), l’Architecture africaine de gouvernance (AAG), la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples), des organisations de la société civile, ainsi que des réseaux de médias et des partenaires de développement, en partenariat avec l’UNESCO.
Avec ONU Info