La vaccination des personnes à haut risque contre Ebola a commencé ce mardi, 23 février 2021en Guinée, alors que la réponse d’urgence a été renforcée afin d’éviter la propagation du virus qui est réapparu dans le pays il y a un peu plus d’une semaine, pour la première fois depuis 2016, a annoncé l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« La dernière fois que la Guinée a été confrontée à une épidémie d’Ebola, les vaccins étaient encore en phase de développement », a déclaré le Directeur général de l’OMS, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Avec l’expérience et l’expertise acquises, combinées à des vaccins sûrs et efficaces, la Guinée dispose des outils et du savoir-faire pour riposter à cette épidémie ».

« L’OMS est fière de soutenir le gouvernement pour impliquer et responsabiliser les communautés, pour protéger les agents de santé et autres travailleurs en première ligne, pour sauver des vies et fournir des soins de haute qualité », a-t-il ajouté.

La « stratégie de la ceinture »

La vaccination a été lancée à Gouécké, la communauté rurale de la préfecture de N’Zérékoré où les premiers cas ont été détectés le 14 février, en présence du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique de la Guinée, le Général Rémy Lamah, du Coordinateur Résident des Nations Unies, Vincent Martin, du Représentant de l’OMS en Guinée, Dr Georges Ki-Zerbo, et du Représentant de l’UNICEF en Guinée, Pierre Ngom.

La vaccination se fera suivant la « stratégie de la ceinture ». Cette stratégie établit que les personnes qui ont été en contact avec un patient atteint d’Ebola soient vaccinées, ainsi que les agents de santé et les autres travailleurs en première ligne. La campagne a ainsi débuté par la vaccination des agents de santé.

La vaccination a commencé tout juste 24 heures après que la Guinée a reçu plus de 11.000 doses du vaccin anti-Ebola rVSV-ZEBOV, envoyées par l’OMS depuis son siège à Genève.

De plus, l’OMS organise le déploiement de plus de 8.500 doses du vaccin de Merck, producteur du vaccin aux États-Unis, ce qui amène le nombre total de doses attendues à 20.000 pour la phase initiale de vaccination.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) fournit un soutien logistique crucial en organisant des vols spéciaux pour transporter les vaccins et d’autres matériels de Conakry à N’Zérékoré.

Les Africains soutiennent d’autres Africains

Le déploiement rapide du vaccin anti-Ebola est dû en partie à la capacité de la Guinée qui a été renforcée lors de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014. Environ 50 Guinéens ont aussi été déployés en République démocratique du Congo pour soutenir la riposte du pays lors des trois dernières épidémies d’Ebola. Ils mettent désormais cette expertise à profit dans leur pays.

« La vitesse à laquelle la Guinée a réussi à initier les efforts de vaccination est remarquable et est largement due à l’énorme contribution de ses experts lors des récentes épidémies d’Ebola en RDC », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.

« Les Africains soutiennent d’autres Africains pour riposter à l’une des maladies les plus dangereuses sur la planète : c’est le témoignage de la capacité de riposte d’urgence élaborée au fil des années sur le continent », a-t-elle ajouté.

Mettre en œuvre une stratégie de vaccination contre Ebola est une procédure complexe, dans la mesure où les vaccins doivent être maintenus à une température de moins 80 degrés centigrades.

La Guinée a développé une capacité de chaîne du froid à température ultra-basse avec des récipients réfrigérés, ce qui permet de conserver les doses de vaccin à des températures inférieures à zéro pour une durée pouvant aller jusqu’à une semaine.

Le séquençage génomique est en cours

Jusqu’à présent, on dénombre huit cas d’Ebola (quatre confirmés et quatre probables) et cinq personnes sont décédées. Le séquençage génomique est en cours à l’Institut Pasteur du Sénégal afin d’identifier la souche du virus Ebola.

Les autorités sanitaires de la Guinée, soutenues par les équipes d’experts de l’OMS et les agences partenaires, appuient la campagne de vaccination et travaillent avec les communautés pour les rallier aux efforts visant à maîtriser le virus Ebola.

Environ 50 experts internationaux et nationaux de l’OMS, y compris des vaccinateurs, sont déjà sur le terrain en Guinée et plus de 100 experts de l’OMS sont attendus d’ici la fin du mois pour se joindre à la riposte et contrôler l’épidémie.

L’OMS a déboursé 1,25 million de dollars pour soutenir la riposte en Guinée et renforcer la préparation à la lutte contre Ebola dans les pays voisins, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Sénégal et la Sierra Leone. Le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) a aussi mis à disposition 15 millions de dollars pour soutenir la riposte en Guinée et en République démocratique du Congo, ainsi que la préparation dans les pays voisins.

Les voisins de la Guinée sont en état d’alerte et renforcent les mesures de santé publique et la surveillance afin de rapidement détecter et arrêter toute transmission transfrontalière du virus Ebola. N’Zérékoré est la seconde ville la plus peuplée de Guinée et se situe près de la frontière avec le Libéria et la Côte d’ivoire.