POUR LA PREMIÈRE FOIS, EN 2020, LE MONDE A PLUS INVESTI DANS LES ÉNERGIES VERTES QUE DANS LES FOSSILES

Cela pourrait ressembler à un point de bascule. Tandis que les énergies renouvelables ont dépassé les 500 milliards de dollars d’investissements en 2020, ceux dans la production de pétrole et de gaz se sont effondrés à moins de 400 milliards de dollars. C’est la première fois que les premiers battent les seconds… et avec un écart très significatif ! Reste à savoir s’il s’agit d’un épiphénomène lié à la crise mondiale, ou si nous assistons à la naissance d’un nouveau paradigme énergétique.

En 2020, plus de 500 milliards de dollars ont été investis dans les énergies renouvelables.

Pas toujours facile de trouver les signes du fameux monde d’après, né de la pandémie mondiale et de la mise à l’arrêt de l’économie. Le bilan énergétique mondial, que livre annuellement l’Institut français du pétrole Énergies nouvelles (IFPEN) et présenté le 16 février, en donne pourtant un aperçu. Le spécialiste de l’énergie compile les données et affirme que, en 2020, le monde a plus investi dans les énergies vertes que les fossiles.

Ainsi l’an passé, les investissements verts – regroupant les énergies renouvelables, les transports électriques, la capture du carbone ou encore l’hydrogène – ont atteint un montant record de 501 milliards de dollars, contre 459 milliards de dollars en 2019. Malgré la crise, c’est la plus forte progression en valeur absolue depuis 2016. Pendant ce temps, avec un cours du baril déprimé, les investissements dans l’extraction et la production d’hydrocarbures se sont effondrées à 378 milliards de dollars.

Investissements

L’enjeu des cours du baril

C’est une baisse de 30 % par rapport à 2019 qui avait atteint 543 milliards de dollars. Et nous sommes à des années-lumière du record absolu de 2014 à 884 milliards de dollars. C’est le secteur du pétrole et gaz de schiste aux États-Unis qui influe le plus sur cette baisse alors que les investissements y ont chuté de 53 %. Pierre Franck Chevet, Président de l’IFPEN, parle d’un “basculement symbolique en 2020” qui se retrouve jusque dans les investissements de son institut dont 55 % sont allés aux énergies vertes en 2020, souligne-t-il.

La question est maintenant de savoir si cette tendance va durer. En effet en 2020, les cours du baril se sont effondrés passant d’un point haut à plus de 70 dollars par barils, à moins de 30 dollars au deuxième trimestre 2020. Mais déjà le baril retrouve des couleurs à plus de 60 dollars, sous l’impulsion de l’OPEP et de ses alliés qui entendent assurer une gestion minutieuse de sa production. Les baisses de production actuelle au Texas en raison du Vortex polaire sur la région poussent aussi les prix vers le haut.

À court terme, il reste très difficile d’imaginer l’évolution des prix de l’or noir et du gaz et les investissements liés. En revanche à plus long terme, l’IFPEN propose des estimations avec plus de certitudes. Alors que le pic de la demande charbon a été passé en 2014, il juge que celui du pétrole sera atteint entre 2030 et 2035 et celui du gaz en 2040. Ce qui fait encore qu’en 2040, l’IFPEN déplore “un mix énergétique qui restera encore très carboné” avec 25 % de pétrole, 23 % de gaz et 16 % de charbon.

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