Toute personne faisant l’objet de poursuites pénales est supposée être en conflit avec la loi, qu’elle soit détenue ou non. Mais lorsque les poursuites sont dictées par des motivations ou des considérations politiques et que la personne en question est placée en détention, on parlera de détenu politique même si les faits pour lesquels elle est poursuivie sont considérés comme une infraction de droit commun. En la matière, il faut éviter à tout prix la naïveté qui consiste à s’en tenir uniquement aux infractions qui servent de base aux poursuites. On poursuit toujours en invoquant une infraction c’est-à-dire un fait prévu et puni par la loi alors même que les motivations sont politiques. Même dans les dictatures les plus féroces, on n’arrête pas et on ne poursuit pas un citoyen sans indiquer un motif, aussi farfelu soit-il.
Pour mettre en évidence le caractère politique des poursuites, il faut absolument prendre en compte les véritables motivations des poursuites quand elles visent un homme politique. Sinon, on ne parlerait jamais de détenus politiques dans un pays.
Lorsqu’on engage des poursuites contre des opposants pour des faits imaginaires et qu’on les fait emprisonner dans l’unique dessein de les réduire au silence ou de les discréditer, on ne peut pas les appeler autrement. Ce sont des détenus politiques. Pas plus, pas moins.
Le caractère sélectif des poursuites dirigées contre les membres et responsables de l’alliance UFDG-ANAD et du FNDC prouve à suffisance que les considérations politiques prennent le dessus sur la volonté de faire respecter la loi. En effet, il existe des citoyens qui tiennent des propos et posent des actes très répréhensibles mais qui bénéficient d’une sorte d’impunité parce qu’ils sont tout simplement des partisans du Pouvoir.
Les poursuites sont toujours à sens unique. Tout le monde peut s’en rendre compte. Le principe de l’égalité des citoyens devant est violé tous les jours et tout le monde peut s’en rendre compte aussi.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier