Depuis le 30 janvier dernier, le gouvernement Guinéen a entamé une veste opération de déguerpissement des encombrants physiques à Conakry et la récupération des domaines de l’Etat. Aujourd’hui, des milliers de personnes ont perdu leurs habitations, boutiques et magasins.
L’un des Reporters de votre quotidien en ligne affichesguineennes.com, a joint ce vendredi 11 mars, Monsieur Issiaga BAH, professeur d‘Economie et proviseur au Groupe Scolaire Hadja Safiatou II BAH de yattaya. Il a fait le parallèle entre cette opération de déguerpissement et les conséquences socio-économiques sur la vie des citoyens.
Lisez…
Depuis le mois de janvier dernier, le gouvernement a entrepris une campagne de déguerpissement des encombrants physiques. Plusieurs boutiques et magasins sont déguerpis. Est-ce cela n’a pas un impact sur la vie socioéconomique de la population ?
Cela a des impacts énormes sur la vie socioéconomique du pays. Ce que nous pouvons dire, le déguerpissement si nous regardons par le nom, est une opération par laquelle, il est fait obligation par des motifs d’utilités publiques à des occupants d’une terre appartement à la puissance publique de partir, même s’ils ont cultivé ou construit. Aujourd’hui cette réalité est donc là. On fait face à une occupation illégale d’intérêt.
Quand on fait ce déguerpissement, les conséquences sont lourdes au niveau de la population. Ça augmente l’aggravation de la pauvreté. Ça peut créer d’énormes problèmes liés au chômage. Dans un monde où nous vivons aujourd’hui avec des problèmes d’emplois, les gens essayent de se faire une situation en créant des activités. Et si on leur dit de quitter, ça fait naître des problèmes de chômage, de pauvreté et aussi des problèmes de déplacement.
Le problème de déplacement, ça affecte leur foyer, leur niveau de vie et leur condition de vie. Ça un impact sur le niveau et l’évolution de leurs enfants et de toute la famille en général.
Contrairement à ce que vous dites, le gouverneur de la ville de Conakry a déclaré que cette opération est noble et permet de donner une vie merveilleuse aux habitants de la capitale ?
Je suis entièrement d’accord d’une part avec le gouverneur dans la mesure où quand on cherche à mettre une situation d’occupation illégale d’un terrain soit par la construction soit une activité minière qui est nécessaire et d’une utilité d’intérêt publique, par exemple la mise en place des infrastructures.
Mais si nous regardons aujourd’hui, quelles sont les mesures d’accompagnement que l’Etat a programmé avant de déguerpir. On ne voit pas ces mesures d’accompagnement là. Il est nécessaire avant de faire ce déguerpissement qu’il y est des des mesures. Il devrait mettre ces mesures d’accompagnement pour aider les gens qui n’ont pas d’autres situations économiques à subvenir à leur besoin.
Selon vous, ce déguerpissement est il enclencher pour arranger le pays ou créer des problèmes par rapport à la pauvreté?
C’est pour augmenter le nombre de pauvres dans le pays.
Donc, je suis d’accord que l’occupation anarchique de nos routes constitue aujourd’hui un problème réel pour notre pays. Ça constitue un problème dans la mise en place des infrastructures.
Et je pense qu’avant de faire le déguisement, il faut que l’Etat pense à faire des préalables. L’Etat doit réaliser des constructions ailleurs avant de procéder à l’opération. Il doit penser à faire un recensement général de tous les occupants de ces espaces publics. Faire des préalables avant de lancer l’opération.
Je ne vois pas comme une solution de déguerpir les gens et les conduire dans la pauvreté.
Selon bon nombre de guinéens vivant à Conakry, cette opération est noble, mais le moment n’est pas opportun. Est-ce que vous partagez cet avis ?
Je partage cet avis. Le moment n’est pas opportun dans la mesure où on a traversé une crise énorme aujourd’hui qui frappe la Guinée et le monde, cette pandémie de Covid-19. Elle a contribué à pousser les gens dans le carcan de la pauvreté. Il est nécessaire aujourd’hui que les autres Etats créent des conditions pour l’accompagnement de leurs populations. Mais chez nous, il n’accompagne pas et continue encore à leur créer des problèmes. Je pense que gouverner autrement, je suis d’accord, mais pas de cette manière.
Le moment n’est pas opportun. Il fallait prévenir, programmer dans un délai. Par exemple, ils peuvent donner un délai de six (6) mois et durant cette période l’Etat allait prendre des mesures avant de déguerpir. La crise elle est mondiale et la Guinée ne fait pas exception.
Quel appel avez-vous à lancer aux autorités par rapport à cette situation ?
Je voudrais que le gouvernement sache quand on gouverne, on gouverne le peuple. Et quand on gouverne le peuple, on l’aide à bouger, mais pas à reculer. Au moment où on construisait où était le gouvernement ? Il n’y avait pas un gouvernement ?
Et si vraiment ils ont construit, c’est de trouver les voies et moyens pour les déguerpir. Le moment n’est pas opportun. Je demande au gouvernement de chercher à trouver une autre méthode. De chercher d’abord à dédommager ou chercher à mettre des mesures d’accompagnement avant toute opération. Sinon, ça continue à augmenter le nombre de pauvres et engendrer la crise. Aujourd’hui, il ya bon nombre de citoyens qui n’ont pas de maison et vivent misérablement. Les maisons qu’ils avaient sont déguerpies. Le gouvernement doit trouver des mesures d’accompagnement avant de déguerpir n’importe quel lieu.
Daouda Yansané