Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est dit profondément préoccupé par la mort d’au moins 25 personnes lors d’une opération de police à Rio de Janeiro, au Brésil.
L’incident a commencé aux premières heures du jeudi 6 mai, dans le quartier de Jacarezinho, lorsque des policiers à pied et dans un hélicoptère participant à une opération visant les membres d’une organisation criminelle ont ouvert le feu. Au moins 25 personnes, dont un policier, auraient été tuées au cours de l’opération. Le nombre exact de personnes blessées, y compris des passants et des personnes à l’intérieur de leurs maisons, n’est pas encore connu.
Il s’agit de l’opération de police la plus meurtrière depuis plus de dix ans à Rio de Janeiro, a indiqué vendredi le HCDH dans un communiqué. Elle s’inscrit dans une tendance de longue date à l’usage inutile et disproportionné de la force par la police dans les quartiers pauvres, marginalisés et majoritairement afro-brésiliens du Brésil, appelés favelas.
Cette opération est d’autant plus inquiétante car elle a eu lieu malgré un arrêt de la Cour suprême fédérale du pays de 2020, qui limitait les opérations de police dans les favelas de Rio pendant la pandémie de Covid-19.
Le HCDH rappelle aux autorités brésiliennes que le recours à la force ne doit être appliqué qu’en cas de stricte nécessité, et qu’elles doivent toujours respecter les principes de légalité, de précaution, de nécessité et de proportionnalité. La force létale ne doit être utilisée qu’en dernier recours et uniquement dans les cas où il existe une menace imminente de mort ou de blessure grave.
Une enquête indépendante, approfondie et impartiale sur cet incident est nécessaire
« Nous avons reçu des informations inquiétantes selon lesquelles, après les événements, la police n’a pas pris de mesures pour préserver les preuves sur la scène du crime, ce qui pourrait entraver les enquêtes sur cette opération létale », a indiqué le HCDH.
L’ONU demande au Bureau du Procureur de mener une enquête indépendante, approfondie et impartiale sur cet incident, conformément aux normes internationales, et notamment au Protocole du Minnesota sur l’enquête sur les décès potentiellement illicites. Ce protocole stipule que les autorités doivent assurer la sécurité des témoins et les protéger contre les intimidations et les représailles.
Le HCDH appelle également à un débat large et inclusif au Brésil sur le modèle actuel de maintien de l’ordre dans les favelas qui sont piégées dans un cercle vicieux de violence meurtrière, avec un impact dramatiquement négatif sur leurs populations déjà en difficulté et marginalisées.