Lors d’un entretien de presse dimanche 15 novembre 21, le président de la transition a fait une mise au point autour du délai de la transition. Le Colonel Mamadi Doumbouya s’est également prononcé sur l’organisation des élections, les exigences de la CEDEAO, mais aussi de Mohamed Béavogui et de son Gouvernement.

Lisez plutôt sa déclaration

Du délai de la transition…

Il faut qu’on soit clair entre nous. On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. Nous avons décidé de dépersonnaliser la vie politique. Qui suis-je pour imposer une date aux guinéens ? le CNT qui regroupe toutes les composantes de la nation pourra décider du chronogramme de la transition et du délai qu’il faut pour soigner tous les maux qu’on a dans notre pays.

Des polémiques sur les quotas attribués aux partis politiques…

La Guinée n’est pas juste liée aux politiques, il y a la société civile, les notables… toutes les composantes de la vie nationale. On ne plus se focaliser sur la composante politique. Nos problèmes ne sont pas uniquement politiques. Le CNRD par ma voix a dit que nous sommes tous ensemble. Il n’y a pas que les politiques en Guinée. Il y a d’autres guinéens aussi qui ont leur mot à dire.  

Exigence d’élections de la CEDEAO dans six mois…

La communauté internationale en général et la CEDEAO en particulier sont nos partenaires pour réussir cette transition. Je reste confiant que cette communauté internationale restera à nos côtés pour le bonheur du peuple de Guinée. Les défis qui nous assaillent sont nombreux. Les émissaires de la CEDEAO ont fait le constat : nous sommes heureux qu’ils aient noté les progrès enregistrés en peu de temps dans le processus de transition dans notre pays. Nous rassurons que les forces œuvrent énergiquement pour un retour à l’ordre constitutionnel normal. Nous pensons que la CEDEAO respectera le délai que le CNT fixera.

Il faut toutefois éviter la comparaison (avec le Mali). Si on avait un traitement adéquat aux maux qui gangrènent notre pays en deux jours, moi je serai prêt à le faire. Il faut quand-même qu’on prenne compte de la situation qu’a connu notre peuple. Il y a eu des moments dans notre pays où personne n’écoutait l’autre, tout le monde pensait avoir raison. 

Je pense que la motivation qu’on a eu le 5 septembre c’était de dépersonnaliser la chose publique. Pour moi, il n’y a pas que les partis politiques en Guinée. Il y a le syndicat, les sages, les personnes handicapées, tout le monde. Je pense que rien ne sera plus comme avant en ce qui concerne la gestion de la chose publique. Car cela nous a amenés là où nous sommes aujourd’hui. Je pense qu’on doit mettre nos personnes de côté et penser à nos enfants, petits-enfants, à l’intérêt de toutes les filles et fils de ce pays. Je réitère encore, le combat personnel n’a plus sa place.

Du rejet de la nomination d’un envoyé spécial d en Guinée…

Il faut souvent comprendre le sens de la décision qu’on a prise. Je pense qu’on ne va pas se focaliser sur ça et brouiller les pistes. Il faut que ça soit clair : Je voudrais que la communauté internationale comprenne qu’en Guinée aujourd’hui, nous n’avons pas de problèmes sociaux.  Les Guinéens veulent régler leurs problèmes entre eux Guinéens. Je pense qu’on est assez intelligent pour régler nos problèmes entre nous. Ce n’est pas un pays qui est en crise, c’est plutôt un pays qui est en phase de prendre son destin en main. Je pense que la communauté internationale devrait aussi écouter les Guinéens car ils ont aussi leur mot à dire. S’il y avait une crise ici on pouvait dépêcher un “envoyé spécial”.

Depuis le 5 septembre, les Guinéens se sont dit qu’on ne va plus se faire taper dessus pour des intérêts personnels. Nous voulons tout simplement régler nos problèmes à l’interne. Bien-sûr, on est là pour que la Communauté internationale nous apporte des solutions techniques à nos problèmes… Nous voulons aussi dans la démarche qu’il y ait de la crédibilité. Nous tendons la main à la CEDEAO, à la communauté internationale, pour qu’on nous envoie des techniciens dans le cadre de la refondation de l’Etat, la réforme du fichier électoral, mais il ne faut pas créer des choses qui n’existent pas. Il n’y a pas de crises en Guinée.

Les Guinéens vont se comprendre, régler ces problèmes qui gangrènent notre pays depuis des années. Vouloir toujours donner le même remède à deux ou trois maladies différentes, je pense que ce n’est pas la solution. Il faut qu’on adapte tous les apports à nos besoins, aux besoins des Guinéens que nous sommes.

De l’appui de la communauté internationale à l’organisation des élections…

Nous avons un pays qui est violemment riche en ressources économiques et humaines. Nous pouvons faire tout seul les élections mais est-ce qu’il y aura la crédibilité dedans ? Non ! C’est pourquoi nous tendons la main à la communauté internationale de nous envoyer des partenaires techniques pour qu’il y ait la crédibilité. Parce que nous allons partir de la base au sommet. On est près de 13 millions et il faut le fichier. Je pense que c’est une démarche inclusive et qui va dans le sens de la clarté. Donc nous avons besoin des partenaires techniques pour apporter leurs expériences techniques sur les élections, nous ne fermerons jamais les portes, nous tendons la main à tout le monde pour apporter leurs expériences à la question de l’élection.

Du choix d’un premier ministre technocrate…

Notre choix n’est guidé que par la volonté de faire des résultats. Peu importe le format du gouvernement, ce sont des guinéens que nous mettons en œuvre. Nous avons eu confiance à monsieur Mohamed Béavogui et nous pensons qu’il contribuera à l’émergence d’une administration au service du peuple. Monsieur Mohamed Béavogui a tout mon soutien. Je pense ce qui mérite d’être mis en exergue aujourd’hui c’est un projet commun. Ils ont été tous sélectionnés par rapport à leurs capacités et leur probité morale. Et l’image du gouvernement veut tour dire sur la vision qu’on a.

Héritage à la fin de la transition…

L’héritage pour moi, c’est le vivre ensemble. Quand j’ai dit aux étudiants de tuer l’ethnie, cela a un sens. Le sens de ça ce que nous arrivions tous à construire les choses. Mais politiquement nous avons l’habitude de s’aligner derrière l’ethnie qui détruit qui ne construit rien de tout. L’héritage que nous voudrons laisser à nos enfants et nos petits-enfants, ce qu’il faut qu’on sache toujours que la Guinée nous appartient tous et que nous avons tous un rôle à jouer pour développer notre pays.

Nous avons tous le devoir d’aimer l’autre, nous devons nous donner les mains pour laisser un bon héritage à nos enfants. Il faut que ce soit clair et net : nous ne sommes pas venus pour construire la Guinée, nous sommes venus pour mettre le soubassement, la refondation de l’Etat. Nous ne sommes pas des politiques. Nous tous après la transition nous allons nous retourner pour faire le travail du soldat…

Personnellement je n’ai pas de limite pour réconcilier nos parents. La division n’arrange que celui qui divise. Nous savons que nous avons tellement perdu des frères et sœurs et la seule chose qui nous a amené à perdre tous ces gens c’est la division. Depuis le 5 septembre 2021 nous sommes tous déterminés ici à refonder notre pays et faire en sorte qu’il puisse briller dans le concert des nations.

A suivre !