Le Président de la Transition a finalement refilé la patate chaude au Conseil National de la Transition en lui demandant de valider la durée de la transition telle qu’il l’a annoncée lors de sa toute dernière adresse à la Nation. Les plus optimistes diraient que le CNT devrait, au regard de l’article 77 de la Charte de la Transition décliner cette mission qui n’entre pas dans le cadre de ses attributions.
D’autres se prendraient à rêver que le CNT considère la déclaration du Président de la Transition comme une simple proposition et se donne le pouvoir de la rejeter ou de la modifier. Mais c’est mal connaître la configuration de cette institution. Le CNT dont on a voulu faire une simple caisse de résonance ou une chambre d’enregistrement, entérinera sans aucune réserve le mandat de quatre ans que le CNRD veut s’octroyer.
Les quinze millions de francs guinéens perçus mensuellement par chaque conseiller national ainsi que d’autres avantages, la promesse d’un véhicule et d’un passeport diplomatique pour chacun des 81 membres de l’institution sont autant d’éléments qui ne permettent pas en son sein un débat qui tienne compte des intérêts exclusifs de la Nation.
Au regard de cette situation, les militants pro-démocratie doivent se mobiliser encore une fois pour barrer la route à la volonté clairement affichée par le CNRD de confisquer le pouvoir conformément à la loi. Nul ne peut interdire aux membres de la junte militaire de prétendre exercer le pouvoir politique puisqu’ils sont des guinéens. Mais pour cela, ils doivent retourner obligatoirement à la vie civile. Ils ne peuvent s’éloigner de leur vocation traditionnelle de défense de l’intégrité du territoriale pour prendre la place de ceux qui ont légalement pour mission de conquérir et d’exercer le pouvoir. Les armes ne peuvent en aucun remplacer les urnes.
Et contrairement à une idée que certains thuriféraires du pouvoir kaki veulent inculquer aux citoyens, les militaires au pouvoir ne sont ni plus patriotes ni plus vertueux que les civils. Il existe suffisamment d’exemples de pays africains qui sont dirigés par des civils et qui s’en sortent parfaitement bien. D’ailleurs, comment comprendre que des dirigeants qui tiennent à se faire passer pour les parangons de la bonne gouvernance refusent de se soumettre à une des règles les plus élémentaires de la bonne gouvernance : la déclaration de patrimoine ? Par ailleurs, comment admettre que depuis le déclenchement des procédures devant la CRIEF, seuls des civils sont interpellés et pas un seul homme en uniforme ? Les hommes en uniforme seraient-ils bénéficiaires d’une sorte d’impunité ? Voilà autant de questions qui enlèvent toute crédibilité à la prétendue moralisation de la gestion dont se gargarise la junte militaire.
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC
MEMBRE DU RÉSEAU AFRIKKI NETWORK