Mise en place il y a sept mois par le colonel Mamadi Doumbouya, la Cour de Répression des Infractions Économiques et financières (Crief), fait face à de sérieuses difficultés qui affectent son meilleur fonctionnement.

La révélation a été faite par le président de la cour de répression des infractions économiques et financières jeudi 21 juillet 2022 lors de la rencontre des magistrats de cette juridiction avec le garde des sceaux.

«Après sept mois de travail acharné, la Cour de Répression des Infractions Économiques et financières (Crief) en tant que juridiction stratégique est confrontée à de réelles difficultés pour son meilleur fonctionnement dont entre autres : le manque de budget de fonctionnement, le non réajustement du traitement salarial de ses membres, le manque de formation continue, l’inexistence d’une bibliothèque bien fournie, le manque de logement administratif et des véhicules de service pour tous ses membres, le faible niveau de sécurité du personnel, le manque de service technique d’appui ainsi que des groupes électrogènes», a révélé le président de la CRIEF.

Face à cette kyrielle de difficultés auxquelles sa juridiction fait face, le magistrat Noel Koulémou demande au garde des Sceaux d’être l’avocat des membres de la Crief auprès du colonel Mamadi Doumbouya dans la « recherche des voies et moyens pouvant leur permettre d’être performants dans l’accomplissement de leur mission qui est celle de dire le Droit ».

En réponse, le ministre de la justice dit être conscient de la nécessité de doter la CRIEF ainsi que toutes les juridictions du pays d’un budget de fonctionnement. Charles Wright rappelle aussi qu’il est de l’obligation de l’Etat d’accorder à tous les magistrats de manière générale en particulier ceux de la CRIEF de toutes les mesures nécessaires pour leur sécurité et celle de leur famille.

« Je sais le risque que vous encourrez avec vos familles. J’en suis conscient. Il faut être victime d’une chose pour mesurer sa gravité. ( … .) Aucun magistrat ne doit être inquiété pour des raisons de décisions qu’il prend et que l’Etat a l’obligation d’assurer la sécurité des magistrats.

Vous pouvez me croire que dans un court délai, vous serez dotés d’un budget de fonctionnement qui tiendra compte de vos préoccupations (…) Nous savons que face à des enjeux de moralisation de la vie publique, il est nécessaire de prendre des mesures incitatives à votre endroit pour vous éviter la tentation de la corruption. Vous avez des dossiers de milliards à gérer. Si l’État ne se bouge pas, pour encourager dans ce que vous faites, nous sommes des humains, vous pouvez être amenés à la tentation .

Les infractions contre lesquelles vous avez compétence d’enquêter, d’instruire et de juger, ont longtemps été des infractions impunies dans notre pays. Vous avez fait démarrer une machine qui va se heurter à des idées de cartels. Le président de la transition, le Gouvernement sont conscients de la nécessité de prendre en compte vos préoccupations. Mais faudrait-il qu’on fasse d’abord nos obligations professionnelles qui ne doivent être conditionnées par d’aucun d’autre élément », a déclaré Charles Alphonse Wright devant les magistrats de la CRIEF. 

Oussaye La mine et Aissata BALDE