À priori toute constitution exprime une vision théorique de l’organisation et du fonctionnement de la société au bénéfice de ses composantes; donc elle ne vaut que par son application pratique.
Alors le facteur le plus déterminant étant sa mise en œuvre, c’est à travers des personnes vertueuses qu’une constitution peut se pérenniser et servir l’intérêt général. Cela veut dire qu’aussi longtemps que ce sont les médiocres sans références sociales, académiques et professionnelles crédibles qui auront la charge de la gestion d’un pays, celui-ci peut se doter des meilleurs textes de loi mais ils resteront un idéal.
En se basant sur l’exemple le plus récent, la constitution de 2010 était considérée par beaucoup d’analystes comme étant progressiste pour la simple raison que pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, des dispositions intangibles ont sacralisé le principe de l’alternance à travers la limitation du nombre et de la durée des mandats.
À supposer que l’ancien président Alpha Condé, malgré son bilan global peu honorable, ait respecté ne serait-ce que son serment et les verrous constitutionnels relatifs à l’alternance, il aurait grandi cette constitution et condamné son successeur à faire mieux que lui dans la valorisation des principes fondamentaux de notre démocratie.
Mais comme il a manqué de grandeur, il a créé l’opportunité de remise en cause des acquis de la lutte démocratique qu’il a pourtant contribué à porter lorsqu’il était opposant; d’où le coup d’État militaire du 5 septembre 2021 et ses conséquences sur la stabilité constitutionnelle et institutionnelle.
Il est également vérifiable que la plupart des maux dont souffre notre société sont prévus et punis par nos lois. Mais le manque d’exemplarité et de responsabilité des dirigeants rendent leur portée très marginale.
En fait, de l’indépendance à nos jours, il n’y a jamais eu la passation de pouvoir entre un président élu et un président sortant. Donc l’histoire politique de notre pays est faite de rupture brutale et anarchique entre des dirigeants qui n’ont pensé qu’à leur règne absolu au détriment d’un peuple dont il fallait garantir le futur à travers des actes forts.
En définitive, c’est par la grandeur des dirigeants que les textes constitutionnels peuvent avoir un sens et une portée. Cette réalité étant universelle, c’est par l’engagement politique des hommes et femmes dignes, patriotes et compétents ayant le sens de l’honneur que la Guinée trouvera la voie de la démocratie et du développement.
Aliou BAH
Président du MoDeL