L’investisseur taiwanais poursuivi pour participation à l’enrichissement illicite relatif au détournement présumé de 15 milliards de francs guinéens, destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale au quartier Koloma dans la commune de Ratoma a comparu à la CRIEF.
A la barre le jeudi 08 juin 2023 devant la chambre de jugement, le Taiwanais Cheng Jiin-Suey, alias Kim n’a pas reconnu les faits retenus contre lui. Tout de même, il reconnaît avoir offert 20 millions de nos francs à feu honorable Louncény Camara, dans les 1 milliard 800 millions de francs guinéens obtenus des mains de ce dernier.
Le juge François Kova Zoumanigui a, dès l’entame, rappelé que ces faits de corruption et complicité sont punis par les dispositions des articles 19, 20 et suivants du Code de procédure pénal. Poursuivant, il a orienté son interrogatoire sur des liens entre l’homme d’affaires et Amadou Damaro Camara.
« La première fois que je l’ai rencontré, c’est quand il a effectué une visite sur l’un de nos ses chantiers. Autre facette de connaissance, fait référence à une invitation à l’assemblée nationale. C’était pour solliciter notre expertise pour la réalisation des travaux de la clôture du siège de l’assemblée nationale », a confié M. Kim.
Répondant à cette autre question relative à l’attribution du contrat, Cheng Jiin-Suey a rappelé que les négociations se sont déroulées entre sa société et Amadou Damaro Camara, sans aucun appel d’offres encore moins une avance.
« C’est à la fin des travaux que feu Louncény Camara est venu nous payer le premier chèque pour un montant de 900 millions gnf. La deuxième fois aussi 900 millions, ce qui fait un milliard 800 millions gnf. La première fois qu’il m’a remis le chèque, il m’a demandé combien il pouvait gagner ? Je lui dis que cela ne faisait pas partie des clauses du contrat. C’est ainsi que je suis sorti pour appeller Michel Kamano qui, à plusieurs reprises, n’a pas pris. J’ai appelé Damaro qui m’a dit de ne rien lui donner. Je suis revenu lui expliquer ce qu’on s’était dit au téléphone. La deuxième fois également, il m’a dit qu’il devrait aller chez lui à Macenta pour un problème de famille. Comme la première fois, je suis sorti pour toujours faire cas à monsieur Damaro Camara qui m’a dit et réitéré que ce n’était pas une sous-commission. Mais que si c’était une affaire personnelle, que c’était entre lui et moi. Il m’avait dit de l’aider à avoir 30 millions gnf mais finalement je lui ai donné 20 millions en guise d’aide personnelle », a-t-il expliqué.
Reconnaissant que ces 20 millions n’avaient aucun lien avec le marché, l’investisseur dit lui offrir par pitié. Sinon, « je ne connaissais vraiment pas le rôle qu’il jouait par rapport à ce marché ».
Cette réponse de Kim a emmené le juge Zoumanigui à s’interroger sur le contexte. Comment vous qualifiez cet acte de Louncény Camara en Chine ? a-t-il interrogé. « C’est une arnaque ». Alors, quelle est selon vous la sanction applicable à un tel comportement en Chine ? « Ça je ne sais pas ».
Cette complicité selon la chambre du tribunal de la Crief, s’explique également par le manque d’appel d’offres dans ce contrat établi entre cette société et Amadou Damaro Camara. Une version que l’investisseur a reconnue.
« J’ai été contacté par Monsieur Damaro Camara et c’est notre entreprise qui a fait le marché sans appel d’offres à part des multiples devis qu’on a envoyés. Le contrat c’était de faire la clôture du chantier, la chambre (…), deux portails devant et derrière », a-t-il relaté, niant toute implication des honorables Michel Kamano et Mme Zeinab Camara, respectivement 1er et 2è questeurs de la 9ème législature.
« Damaro Camara était étonné d’apprendre que j’ai donné l’argent à Louncény Camara. Louncény seul a été l’initiateur et le demandeur de cet argent », a confié Kim.
C’est ainsi que le juge Zoumanigui, après avoir écouté les parties, a ordonné au nom de la Cour, un transport judiciaire sur le site abritant le nouveau siège de l’Assemblée nationale à Koloma le mardi, 13 juin prochain à 15h, en mettant les frais de ces opérations à la charge des parties.
La reprise d’audience est donc prévue le jeudi 22 juin prochain, avec la comparution du médecin traitant de Damaro Camara en vue de faire comprendre le rapport médical, mais également celle (comparution) le même jour de l’ex-président de l’Assemblée, Amadou Damaro Camara.
Daouda Yansané