Les magistrats manqueraient-ils de courage au point de ne pas défendre ce que la loi leur accorde ? Ont-ils si peur de Alphonse Charles Wright qu’ils ne peuvent pas lui dire non même quand il s’emploie à violer de manière flagrante la loi ?

Dans l’une de ses sorties tonitruantes, Alphonse Charles Wright affirme que désormais tout magistrat qui serait suspendu verrait automatiquement son salaire suspendu. Sa communication laisse apparaître clairement qu’il est ulcéré de voir MM. Mohamed Diawara et Abdoulaye Israël Kpoghomou, respectivement Président et Secrétaire général de l’Association des magistrats de Guinée qui, en dépit de leur suspension, participent à beaucoup de rencontres internationales. Il pense que si ces deux magistrats « s’offrent » le luxe de voyager, c’est parce qu’ils continuent à percevoir leurs salaires alors qu’ils sont suspendus. On connaît la haine que nourrit « le distributeur automatique d’injonction aux fins de poursuites » contre MM. Mohamed Diawara et Kpoghomou.

Mais ce qui peut paraître étonnant- mais qui ne l’est pas en réalité- c’est le silence coupable des magistrats. Ces derniers n’ont, pour la plupart d’entre eux, qu’un seul souci, celui de garder leurs postes. Ils n’osent même pas dire que sa déclaration est en contradiction avec la loi.

En effet, l’article 39 du statut des magistrats indique nettement que la suspension ne prive pas le magistrat de son droit au traitement. Dans tous les cas, Alphonse Charles Wright passe le clair de son temps à violer le statut des magistrats sous le nez et à la barbe des magistrats. Comment des magistrats qui ne peuvent pas faire respecter un texte qui les protège eux-mêmes et leur consacre des droits peuvent-ils faire respecter celui qui protège les citoyens ?

C’est pourquoi, il n’est pas exagéré de dire que l’essentiel des problèmes de la Guinée viennent de la justice. Et la jeune génération de magistrats sur laquelle les citoyens pouvaient fonder leur espoir est encore plus décevante que les anciens.

En fin de compte, la Guinée restera dans la situation actuelle tant que les magistrats guinéens seront ce qu’ils sont aujourd’hui.

SEKOU KOUNDOUNO

RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC