Meubler l’appartement ou la maison est un plaisir familial. Au moment de la planification, nous    imaginons où nous allons nous asseoir pour lire un livre, combien d’amies nous inviterons à dîner, où la cave à vins ira, etc. L’investissement correspond à l’ameublement d’un espace, que ce soit celui d’un territoire national ou celui du périmètre d’action de l’entreprise. La gestion du portefeuille de projets correspond au plan familial de l’espace de vie. Elle constitue un défi de taille pour toute organisation, car elle implique la sélection et la priorisation des projets qui garantissent l’atteinte des objectifs stratégiques et la maximisation du retour sur investissement. Rien de facile.

Le vocabulaire

Portefeuille, programme ou plan d’investissement ? Portefeuille est un nom commun qui fait référence, entre autres, aux investissements financiers ou sur le marché boursier. Le portefeuille de fonds de retraite, par exemple, implique une diversification des investissements pour arriver à un rendement financier moyen acceptable pour les souscripteurs.  Plan d’investissement constitue une expression généralisée et utilisée, entre autres, pour parler d’investissements publics. Le plan national d’investissement public donne le sentiment d’une certaine dynamique, d’une volonté affirmée et d’un sens de direction. Programme est le terme choisi par la référence mondiale en gestion de projet, le Project Management Institute (PMI).  Tous ces termes et expressions sont des synonymes.

Le poids de l’investissement

L’investissement public en Guinée représente, ces dernières années, au mieux 3% du PIB. Pour avoir une idée du poids de ce pourcentage pour l’État, il représentait, en 2020, un tiers de toutes les dépenses publiques annuelles[1]. Les analystes du Fonds Monétaire International estiment que cet investissement se maintiendra au cours de prochaines années grâce à d’importants projets d’hydroélectricité et d’infrastructures de transport. Ils notent cependant que la pression fiscale pourrait être augmentée sur le secteur minier, générer des revenus qui, investis en éducation et en infrastructures, favoriseraient la distribution et redistribution de richesse de même que la réduction de la pauvreté.

Du côté des investissements privés, ce sont les grands projets miniers qui pèsent lourd. De plus, en réponse à ceux-ci, des milliers d’unités économiques s’engagent et parient sur la croissance en investissant à leur tour. Notons que les décideureuses du secteur privé sont confrontées aux mêmes défis que ceux et celles du secteur public. Les organisations souffrent des mêmes problèmes à partir du moment où elles ont une bureaucratie, c’est-à-dire lorsqu’elles ont des employées qui n’ont pas d’intéressement au bénéfice de l’entreprise.

Liste des défis

Voici quelques-uns des principaux défis associés à la gestion d’un programme d’investissement (public ou privé):

  1. Sélection des projets appropriés : la sélection est essentielle à la réussite. Les entreprises et les organisations qui ne tiennent pas compte de facteurs tels que l’alignement sur les objectifs stratégiques, le retour sur investissement potentiel et les ressources disponibles lors de la sélection des projets, perdent du temps et s’exposent à des risques inconsidérés.
  2. Équilibre des risques et rendements : chaque projet du portefeuille nécessite d’équilibrer le risque impliqué avec les avantages attendus de celui-ci. Les entreprises doivent évaluer soigneusement les risques associés à chaque projet, en procédant à l’étude de la faisabilité technique et financière, bien sûr, mais aussi à l’impact social et environnemental. Ces risques doivent vus à la lumière des rendements attendus.
  3. Gestion prudente des ressources limitées : les contraintes de ressources sont communes à toutes les organisations. Les ressources limitées doivent être soigneusement allouées pour s’assurer que chaque projet reçoive les ressources nécessaires – et seulement celles qui le sont – pour réussir.
  4. Contrôle de l’exécution : il est essentiel de suivre l’avancement de chaque projet du portefeuille pour atteindre les objectifs stratégiques. Les organisations devraient établir des mesures et des mécanismes de production de rapports pour suivre l’avancement de chaque projet et apporter les ajustements nécessaires dans un délai raisonnable.

En général, une gestion efficace du portefeuille de projets nécessite une planification, une coordination et une surveillance minutieuses pour s’assurer que ces projets soient alignés sur les objectifs stratégiques de l’organisation et puissent, ainsi, offrir un gain maximal de valeur à l’organisation (entreprise privée, société d’État ou pays).

Prescriptions:

  • définir une vision à long terme et la partager avec les parties prenantes;
  • élaborer une série de critères, dont le taux minimal de rendement sur capital investi, et sélectionner systématiquement les projets en fonction de ces critères;
  • estimer la sensibilité du projet aux menaces de l’environnement, envisager des scénarios favorables et défavorables et choisir le meilleur équilibre risque-rendement.

Références essentielles sur la gestion de portefeuille de projets :

Project Portfolio Management in Theory and Practice: Thirty Case Studies from around the World, par Jamal Moustafaev.  Cette publication présente des études de cas sur la gestion de portefeuilles de projets dans différentes industries et régions du monde. En outre, elle offre des exemples concrets de stratégies, de défis et de réussites.

Une étude québécoise présente les investissements dans cette société par acteurs économiques : L’évolution des investissements privés et publics au Québec de Gilles L. Bourque publié en 2018. Lien : https://numerique.banq.qc.ca/patrimoine/details/52327/3481101

Governance of portfolios, programs and projects: a practice guide, du Project Management Institute (PMI) publié en 2016.

Erreurs méthodologiques dans l’évaluation des projets d’investissement de Marcel Boyer dans Revue française d’économie 2018/4 (Vol. XXXIII), pages 49 à 80. Lien : https://www.cairn.info/revue-francaise-d-economie-2018-4-page-49.htm&wt.src=pdf

[1] FMI (2023, janvier). 2022 Article IV consultation and request for disbursement under the rapid credit facility.  Page 34.Lien: www.imf.org/en/Publications/CR/Issues/2023/01/24/Guinea-2022-Article-IV-Consultation-and-Request-for-Disbursement-Under-the-Rapid-Credit-528526