Les réquisitions et plaidoiries dans l’affaire concernant le président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), Aliou Bah, poursuivi pour « offense et diffamation contre le Chef de l’État par le biais d’un système informatique », ont eu lieu le jeudi 2 janvier 2025, au Tribunal de Kaloum.
À l’issue de cette phase, le ministère public a requis une peine de deux ans de prison contre le leader politique, alors que ses avocats ont demandé qu’il soit purement et simplement relaxé. La défense, qui a clamé l’innocence de son client en vertu des dispositions de l’article 44 du Code de procédure pénale, dénonce un procès à caractère politique visant à enterrer la démocratie.
« Nous vous demandons la relaxe de notre client, Monsieur Aliou Bah. Vous aurez rendu honneur à la justice s’il est relaxé, car le dossier est vide. Aliou Bah n’a jamais prononcé le nom du Chef de l’État dans les vidéos projetées, à plus forte raison lui adresser des propos discourtois. Il a rappelé la responsabilité des religieux. Nous attendons de vous une décision conforme à la loi, tirée des éléments des pièces du dossier. Monsieur le Président, nous plaidons non coupables. Vous allez dire non à la culpabilité de Monsieur Aliou Bah. La condamnation à deux ans de prison requise par le ministère public est une manière de le réduire au silence. On n’a jamais appris que ceux qui font l’apologie du CNRD ont été kidnappés. Mais ceux qui demandent des comptes à l’État sont réprimés, kidnappés, emprisonnés, provoquant des veuves et des orphelins. On banalise un phénomène qui tue, alors que ce n’est pas un phénomène à banaliser. Monsieur le Président, nous sollicitons sur le fondement de l’article 544 du Code de procédure pénale la relaxe de notre client. Monsieur le Président, condamner Monsieur Bah, c’est enterrer la démocratie dans notre pays », a plaidé la défense.
Durant tout le procès, entamé le 31 décembre 2024, Aliou Bah a réfuté les accusations portées contre lui. Pour sa propre défense, le président du MoDeL a plaidé non coupable pour réclamer sa libération : « Il a été suffisamment démontré par ma défense que je suis innocent des charges que le ministère public tente de faire peser sur moi. Je suis un homme politique. La politique n’est pas un métier, mais une vocation. Comme beaucoup de Guinéens, j’ai eu l’opportunité de m’éloigner de mon pays. Mais en m’éloignant des gens qui me soutiennent, j’aurais trahi leur confiance. Je définis la politique comme étant l’art de servir ma société. Je suis préparé à toute éventualité. J’ai fondé une famille pour ne pas les abandonner. Je ne suis pas un porteur de haine. Le pays en a trop connu. Aujourd’hui, on veut me faire taire. Je ne dois rien à personne. Si je suis devant vous aujourd’hui, c’est parce qu’en tant que citoyen, je n’ai pas voulu me dérober. Je pouvais rester à Paris. Monsieur le Président, vous avez l’opportunité de traduire cette phrase : la justice sera la boussole de la transition. Monsieur le Président, libérez-moi. Je suis un innocent. »
Finalement, le tribunal, présidé par le juge Ousmane Sylla, a décidé de mettre l’affaire en délibéré, une décision devant être rendue le 7 janvier 2025.
TAOB