Accusé de ‘’détournement de deniers publics et d’enrichissement illicite’’, l’ex-ministre de la Ville, de l’Aménagement et de l’Urbanisme, Dr Ibrahima Kourouma, a été entendu le mercredi 29 janvier devant la chambre de jugement de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF).

Dans cette affaire portant sur 612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars relatifs à l’organisation des examens nationaux, l’ex-ministre Dr Ibrahima Kourouma est poursuivi au même titre que l’ex-directeur administratif et financier (DAF) du ministère de l’Enseignement Pré-Universitaire et de l’Alphabétisation, Mohamed V Sankhon.

Lors de son audition, Dr Ibrahima Kourouma, en détention depuis 2022, a réaffirmé que son rôle en tant que ministre se limitait à l’ordonnancement du budget et que la responsabilité de la justification des pièces financières relevait du directeur financier.

« Je me retrouve devant votre juridiction à cause d’un simple rapport partiel sur lequel je n’ai jamais eu l’opportunité de discuter. Ce rapport couvre la période 2011-2021, alors que j’ai quitté le ministère de l’Éducation en 2016 », a-t-il déclaré, rejetant ainsi les accusations portées contre lui.

Face à cette ligne de défense, la Cour a rappelé à l’ancien ministre que l’ordonnateur est personnellement responsable de la gestion budgétaire et de la comptabilité publique. De son côté, le parquet spécial a insisté sur le fait que Dr Ibrahima Kourouma, en tant que ministre de l’Éducation nationale de 2011 à 2017, était l’ordonnateur principal et comptable des 12 millions de dollars aujourd’hui introuvables.

« Je n’ai aucune explication à donner sur la gestion budgétaire, cela relève des financiers », a répliqué l’accusé. Une déclaration à laquelle le parquet spécial a opposé une précision juridique : « La loi attribue la responsabilité de l’ordonnancement à l’ancien ministre, qui ne pouvait déléguer totalement ses prérogatives ».

Pour sa part, l’avocat de l’État a demandé à Dr Kourouma de justifier les sommes allouées à l’organisation des examens nationaux durant son mandat. « Je ne me rappelle pas », a répondu l’accusé, renvoyant à nouveau la Cour vers les financiers.

Le prévenu a également été interrogé sur ses biens, notamment l’acquisition de sa maison à Lambanyi en 2012, alors qu’il venait tout juste de prendre ses fonctions de ministre. Il a expliqué que cet achat avait été financé par un « cadeau » de 100 millions de francs guinéens offert par le président Alpha Condé à l’occasion de son mariage. « C’est ce cadeau que j’ai investi dans ma première démarche », a-t-il précisé. Il a aussi évoqué ses biens personnels, qui se résumeraient à sa pharmacie, ouverte en 2007, ainsi qu’à deux parcelles à Taban. En ce qui concerne la maison de Lambanyi, il a affirmé qu’elle avait été acquise pour un montant de 600 millions de francs guinéens.

Interrogé sur des accusations d’enrichissement illicite, Dr Kourouma a nié être le propriétaire de certains biens immobiliers, notamment une villa à Sangoya et l’immeuble abritant sa pharmacie.

Dans une déclaration empreinte d’émotion, l’ex-ministre a dénoncé ce qu’il a considéré comme un traitement injuste, soulignant que, contrairement à ses successeurs, il était le seul à être incarcéré, précisant qu’il avait purgé 34 mois de prison pour des faits qu’il qualifie de non fondés. « Tous les autres ministres qui m’ont succédé sont tranquilles », a-t-il ajouté, visiblement frustré par ce qu’il perçoit comme un déséquilibre dans le traitement des affaires.

À rappeler que le procès a été renvoyé au 3 février prochain, date à laquelle la défense de l’ex-ministre aura l’occasion de poser des questions à son client.

TAOB