Justice

Au cours de son audience criminelle le lundi, 8 juin 2020,  le tribunal de première instance de Kaloum a entendu le mis en cause.  Il s’agit d’un certain El hadj Touré, pêcheur sierra-léonais, âgé d’une quarantaine d’années.

Ce dernier a nié les faits qui lui sont reprochés. Des faits qui remontent fin 2018 lorsqu’il a rencontré Fatoumata Barry, mère de la victime et plaignante qui, selon lui était sa copine  et à laquelle il a apporté de l’aide durant sa période de conception jusqu’à son accouchement.

« J’ai rencontré Fatoumata Barry au port de Boulbinet, elle était enceinte de 6 mois. Elle m’a dit que l’auteur de sa grossesse est décédé et qu’elle passe la nuit dehors parce que sa sœur qui était censée prendre soin d’elle est aussi décédée. Elle m’a dit que si je prends soin d’elle jusqu’à ce qu’elle accouche, l’enfant me reviendra. J’ai accepté  de l’apporter mon soutien (…). Lorsqu’elle a accouché, j’ai payé tous les frais à l’hôpital, je l’aidais même à s’occuper du bébé. Et c’est ce même bébé qu’elle m’accuse d’avoir violé. Je jure que je n’ai jamais pensé à faire une telle chose », a-t-il expliqué.

Par contre, la plaignante  a réfuté être la copine de l’incriminé et soutenant mordicus que sa fille a été  violée: « je précise le père de mon enfant est au village, il n’est pas mort. Ce monsieur n’est pas mon amant, il s’est collé à moi et il m’assistait parfois. Chaque fois que je partais au port de Boulbinet pour vendre, je lui confiais ma fille qui n’avait que 6 mois pour éviter de marcher avec elle sous le soleil. C’est ainsi qu’un jour, il a introduit ses doigts dans son sexe. Lorsque j’ai récupéré l’enfant, j’ai trouvé qu’elle saignait ».

Poursuivant sa version des faits, Fatoumata Barry a rapporté ceci : «  quand je lui ai demandé pourquoi le bébé saigne, il m’a répondu que l’enfant a fait caca et que lorsqu’il nettoyait les selles, il a introduit par erreur son doigt dans son sexe. Quand j’ai porté plainte, il s’est caché. Mais finalement, il a été retrouvé et mis aux arrêts ».

Le ministère public représenté par le procureur Ousmane Sankhon s’est montré insatisfait des arguments avancés par la partie civile. D’après lui, l’accusé ne semble pas être l’auteur du viol de la fille de Fatoumata Barry. C’est pourquoi dans sa réquisition,  il a sollicité de la juridiction sa remise en liberté : « Ce qui est reproché à Elhadj Touré ne lui est pas imputable, il n’en est pas l’auteur. Il a apporté plutôt de l’aide et de l’assistance à la partie civile. Donc nous demandons au tribunal de le renvoyer des fins de poursuite ».

La défense par la voix de Maitre Adama Salomou Camara, a trouvé judicieuses les réquisitions du parquet : « El hadj Touré a été victime de sa bonne foi parce qu’il a entretenu et soutenu une femme enceinte qui vivait sans abri. Nous demandons sa mise en liberté ».

Pour sa propre défense, El hadj Touré a plaidé non coupable  et demandé la clémence du tribunal. Mais cela n’a pas l’épargner.

Finalement, le tribunal de Kaloum a dans son délibéré retenu l’accusé dans les liens de la culpabilité et  l’a condamné à 10 ans de réclusion criminelle pour avoir introduit ses doigts dans les parties intimes du bébé.

Thierno Amadou Oury BALDE