Depuis PARIS, la capitale française, l’ancien vice- président exclu de l’UFDG s’est prononcé sur la crise postélectorale qui mine son pays, la Guinée.
Désormais président du parti Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée « UDRG », l’opposant Bah Oury déplore les violences postélectorales qui ont endeuillé de nombreuses familles et provoqué d’importants dégâts matériels.
Chez nos confrères d’Africaguinee.com, l’ancien ministre de la Réconciliation nationale et leader des forces vives dit s’incliner devant la mémoire de tous ceux ont perdu la vie lors des tristes événements. Il s’est également exprimé sur le séjour de la mission conjointe ‘‘ONU-UA-CEDEAO’’ qu’il croit avoir perdu toute crédibilité, par rapport à la manière dont la crise guinéenne a été gérée au cours des deux dernières années.
Dans son regard d’analyste politique, BAH Oury pense qu’une transition sera inévitable en Guinée dans le contexte dit-il, de la restauration des principes démocratiques et d’une meilleure gouvernance.
Lisez plutôt !
Schéma qu’Alpha Condé avait mis en place pour obtenir son 3ème mandat
Ce qui se passe dans notre pays n’est jamais pris au sérieux. Très souvent dès que les dommages concernent la population civile, c’est comme si ce sont des détails périphériques qui ne méritent pas d’être pris en considération. Depuis très longtemps, nous avions attiré l’attention aussi bien du pouvoir et l’ensemble des forces impliquées dans le jeu politique de notre pays, sur les dangers que nous avions par rapport au schéma qu’Alpha Condé avait mis en place pour obtenir son 3ème mandat. Malheureusement on peut dénombrer plus d’une centaine de morts, des dégâts matériels importants, le tissu social qui se fragilise encore davantage. La cohésion nationale qui est fortement perturbée, sans compter le retard économique et la réédition de ce que nous pensions ne pourra pas se répéter. C’est-à-dire retourner à des luttes pour avoir simplement l’alternance démocratique dans notre pays. Je trouve que c’est triste et c’est dommage. Je m’incline devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés dans ces tristes évènements.
Complicité active de certains acteurs internationaux pour valider le processus
En tout cas ce qui apparait : la CEDEAO, les NU ou l’UA, ont perdu une certaine crédibilité par rapport à la manière dont la crise guinéenne a été gérée au cours de ces deux dernières années. C’est comme s’il y avait une complicité active de certains acteurs internationaux pour valider le processus qui permettrait à Alpha Condé d’être encore au pouvoir en dépit des violations constitutionnelles des lois de la République de Guinée. Donc, il y avait tacitement de ce point de vue, une complicité j’allais dire active. La CEDEAO n’a pas levé le doigt par rapport aux exactions concernant les violations des droits de l’homme.
Au lendemain du 22 mars 2020 (Double scrutin législatif référendaire, ndlr), le président de la commission à une question d’un journaliste de RFI par rapport aux exactions avait botté en touche en disant qu’il n’était pas informé de ce qui se passait en Guinée. Je trouve cela déplorable et cette attitude s’est confirmée au cours des différents évènements qui ont permis à valider le processus politique officiellement mis en œuvre. Il y’a eu une complicité active pour cela. L’attitude de la CEDEAO a permis ou a obligé le reste de la communauté internationale, notamment l’union Africaine de par le principe de subsidiarité, la CEDEAO ouvre la voie et les autres suivent.
Donc la CEDEAO ayant un parti pris catégoriquement contre les aspirations démocratiques du peuple guinéen, l’Union Africaine n’a pas été en mesure de prendre acte de la violation de l’article 23 de la Charte qui la régit en ce qui concerne la gouvernance , les élections et la démocratie en considérant que le changement utilisé par le pouvoir pour un changement constitutionnel est un coup d’Etat. Ils n’ont pas été en mesure de l’acter officiellement. Donc nous avons vu ce qui s’est passé. De bout en bout, les organisations dites africaines ont été carrément à l’encontre du désir et des aspirations populaires. Les Nations-Unies, n’ont fait que suivre la Cedeao et l’Union Africaine. Heureusement que l’Union Européenne a marqué son refus et a eu une attitude responsable, l’OIF également a marqué une attitude que je considère honorable.
La transition dans le contexte de la restauration des principes démocratiques
La transition sera inévitable, la transition est une des données les plus sérieuses dans le contexte de la restauration des principes démocratiques et d’une meilleure gouvernance de la Guinée. Mais une transition bien pensée, concertée qui permet à la société guinéenne dans sa globalité de se remettre en cause et de remettre en cause la manière dont la politique est faite dans ce pays depuis l’indépendance. Il nous faut changer totalement de paradigmes pour envisager une autre façon de faire pour que les guinéens se rassemblent, pour que les guinéens se donnent la main pour l’essentiel, pour la paix, la sécurité, le développement et pour l’unité de ce pays. C’est la dynamique qui nous importe à mettre en œuvre dans la phase actuelle tout en mettant en avant l’indispensable nécessité de faire émerger une communauté de citoyens et non pas des regroupements de communautés ethniques.
Transcris par Thierno Amadou Oury BALDE