Laurent Gbagbo est désormais en possession de ses deux passeports, l’un ordinaire l’autre diplomatique. Les deux sésames lui ont été remis par les autorités ivoiriennes à Bruxelles vendredi 4 décembre. Un retour très attendu en Côte d’Ivoire où beaucoup espèrent qu’il permettra d’aller vers la réconciliation politique.
« Voici une chose de faite », réagissait vendredi 5 décembre, sur sa page Facebook, l’ancienne première dame Simone Gbagbo après l’annonce de l’obtention par l’ex-chef de l’État de ses deux passeports.
Mandaté pour se mettre en relation avec les autorités, le secrétaire général du FPI, Assoa Adou, leur demande pour sa part d’« étudier avec diligence les conditions du retour ». « L’important maintenant, c’est qu’il rentre vite », nous confiait-il hier, après avoir eu l’ancien chef de l’État au téléphone.
« On a franchi une étape. C’est une preuve de bonne volonté des autorités de ce pays », commentait pour sa part un membre du gouvernement sans en dire plus sur la suite.
La Cour pénale internationale doit encore se prononcer sur un éventuel procès en appel. Depuis l’acquittement de Laurent Gbagbo, l’exécutif ivoirien martèle que ce n’est qu’une fois son dossier définitivement refermé par la CPI que son retour sera possible.
À Abidjan, Laurent Gbagbo est sous le coup d’une condamnation par contumace à vingt ans de prison pour l’affaire dite du « casse de la BCEAO ». Une condamnation illégale et politique pour ses partisans mais que seule une amnistie ou une grâce présidentielle pourra lever.
Alors que le climat politique est tendu depuis la présidentielle du 31 octobre, beaucoup voient dans le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire un moyen d’apaiser les tensions et un pas dans le sens de la réconciliation. C’est notamment l’avis de Justin Koné Katinan, ancien ministre du Budget et ancien porte-parole de Laurent Gbagbo, qui vit en exil au Ghana depuis huit ans.
Poursuivi pour crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo a été acquitté en première instance par la CPI en 2019. Il vit depuis en liberté conditionnelle à Bruxelles. Dans un communiqué ce vendredi, son avocate Me Habiba Touré indiquait qu’il « envisage de rentrer au cours du mois de décembre ». La loi fondamentale ivoirienne « interdit qu’on maintienne en exil tout ressortissant ivoirien », rappelle l’avocate.
Pendant ce temps, à Abidjan, ses partisans s’impatientent. Situé au bord de la lagune Ebrié, le quartier Blokoss est depuis longtemps réputé pour son attachement à ľex-président Laurent Gbagbo. Les fidèles de l’opposant historique ivoirien insistent sur un point : ils ne nourrissent aucun sentiment de revanche suite à la chute de Laurent Gbagbo en 2011 et son incarcération à la CPI. Ils souhaitent juste que leur leader puisse revenir dans son pays natal.
RFI