« Depuis le débat urgent du Conseil des droits de l’homme en septembre, il n’y a eu aucune amélioration dans la situation des droits de l’homme dans le pays. Au contraire, elle a continué à se détériorer ces dernières semaines en particulier en ce qui concerne le droit de se rassembler pacifiquement », a déclaré la Haut-Commissaire aux droits de l’homme des Nations Unies.
Depuis août dernier, plus de 27.000 personnes ont été arrêtées dont 1.700 personnes lors des manifestations hebdomadaires du 8 et 15 novembre dernier.
Cette politique « répressive » n’épargne pas les personnes âgées. « Il y a quatre jours, le 30 novembre, près de 20 personnes âgées ont été arrêtées pendant leur marche », a ajouté Mme Bachelet lors d’une réunion du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève.
En plus des arrestations, les peines infligées aux manifestants deviennent « plus sévères ». S’ils étaient jusqu’ici condamnés à des amendes ou à une détention pouvant aller jusqu’à 15 jours, plusieurs manifestants ont été inculpés ces dernières semaines en vertu de divers articles du code pénal. Ce qui entraîne « parfois de lourdes peines de prison ».
Au total, dans le contexte des élections, plus de 900 personnes auraient été traitées comme des suspects dans des affaires pénales. Outre les manifestants, il s’agit parfois de candidats à la présidence, des partisans de l’opposition, des journalistes et blogueurs ainsi que des défenseurs des droits de l’homme. « Nombre d’entre eux sont toujours en détention », a ajouté Mme Bachelet.
A ce stade, les services de la Haut-Commissaire ont documenté l’arrestation de 373 journalistes depuis le mois d’août. « Six journalistes sont actuellement en détention. Trois d’entre eux font l’objet d’accusations criminelles et de peines de prison », a-t-elle fait valoir.
Michelle Bachelet appelle à un « dialogue national inclusif »
Selon la cheffe des droits de l’homme de l’ONU, de nombreuses personnes ont déclaré avoir été détenues dans des cellules surpeuplées, sans ventilation adéquate, malgré les risques liés à la pandémie de Covid-19. Elles ont également fait état « de passages à tabac violents et aléatoires, ainsi que d’actes d’humiliation, d’insultes et de menaces ».
Par ailleurs, la Haut-Commissaire s’est dite « très inquiète de la façon dont les forces de sécurité font usage de la force » qu’elle juge disproportionnée.
Lors des marches de l’opposition, des manifestants ont été systématiquement, et dans la plupart des cas, « violemment dispersés », notamment par « l’utilisation de canons à eau, de gaz lacrymogènes, de balles en caoutchouc et de grenades neutralisantes ». « Je note avec inquiétude qu’au moins quatre personnes ont perdu la vie dans le cadre de ces manifestations », a-t-elle détaillé.
D’autres informations « multiples et crédibles » font état de « personnes battues par les forces de sécurité pendant et après leur transport vers des postes de police ou des centres de détention». « S’ils sont confirmés, ces incidents constitueraient des mauvais traitements, voire même de torture », a affirmé Mme Bachelet devant le Conseil.
Elle s’est également préoccupée « des nombreuses allégations de torture et autre traitements cruels, inhumains ou dégradants lors des gardes à vue, avec plus de 2.000 plaintes déposées à la fin du mois d’octobre ».
Face à ce sombre tableau, la cheffe des droits de l’homme de l’ONU invite Minsk à libérer immédiatement toutes « les personnes détenues illégalement ou arbitrairement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique ». Elle a également appelé les autorités à mener des enquêtes indépendantes sur les accusations de torture.
« Je demande en outre au gouvernement de lancer un véritable dialogue national inclusif », a conclu Mme Bachelet, regrettant que « ses services n’aient pas encore eu accès » au pays Bélarus.
ONU Info