La Banque africaine de développement a organisé, mardi 15 décembre, des échanges avec des partenaires clés du continent sur les moyens de promouvoir la redevabilité et la transparence dans ses pays membres régionaux (PMR) dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
Le webinaire était organisé par le Bureau de coordination de la gouvernance et de la gestion des finances publiques (ECGF) et le Département des services fiduciaires et inspection (SNFI), deux départements de la Banque impliqués dans les questions de gouvernance, de transparence et de vérification.
Afin de renforcer le partenariat entre la Banque et les principales parties prenantes des mécanismes de redevabilité, des parlementaires et des membres d’institutions d’audit, d’organes de contrôle de passation de marchés et de la société civile ont échangé sur les mécanismes de surveillance de l’utilisation des fonds mis à la disposition des PMR par la Banque en réponse à la pandémie de Covid-19, tout en partageant leurs expériences et connaissances.
Deux panels ont permis d’échanger sur les défis et l’impact de la pandémie actuelle pour les institutions d’audit et de contrôle.
Les participants ont relevé que les actions urgentes mises en place par les gouvernements devaient être encadrées par des mesures liées à la responsabilité, la transparence et l’intégrité, notamment en matière de passation de marchés et de gestion des ressources. Dans certains cas, pour permettre une réponse rapide à la pandémie, des systèmes de contrôle de base des finances publiques ont été écartés, suspendus ou contournés. Cela a pu entraîner des risques accrus de gaspillage, de mauvaise gestion et de corruption à un moment où les ressources gouvernementales étaient soumises à une pression importante.
« C’est une bonne chose de répondre rapidement à la crise sanitaire mais il faudrait tout aussi bien veiller à la sécurité de l’utilisation des ressources. Nous sommes, par exemple, en faveur de l’élimination de la multiplicité des comptes uniques de trésorerie en plus des contrôles externes du budget, a affirmé Rabah Arzeki, vice-président de la Banque, chargé de la Gouvernance économique et de la gestion des connaissances. Tant que l’impact de la pandémie se maintient, nous voulons voir les pays africains se préparer à une relance robuste, mais cela passe prioritairement par l’atténuation des risques et la mise en place de politiques pour renforcer la transparence, consolider l’obligation de rendre compte. »
Rappelant le soutien massif de la Banque aux plans de riposte des PMR à la pandémie, Abdoulaye Coulibaly, directeur du Bureau de la gouvernance et des finances publiques à la Banque, a indiqué que l’institution disposait d’instruments solides pour assurer la redevabilité et le contrôle de l’utilisation efficiente des ressources mises à disposition des États. « Nous sommes en période de crise et il y a beaucoup de pays qui ont utilisé des procédures exceptionnelles pour engager des dépenses importantes. Il était donc important pour la Banque de s’assurer que la mise en œuvre de l’ensemble du budget se passe très bien et que l’ensemble des plans de riposte au Covid-19, pour lesquels les ressources ont été octroyées par les partenaires financiers, mais aussi par les États, soient mis en œuvre de façon très efficace », a-t-il précisé.
« Nous devons prendre les dispositions en matière d’audit, de redevabilité, de reporting et ce cadre existe pour s’assurer que les ressources sont utilisées de façon très adéquate. Nous essayons de renforcer aussi les institutions de contrôle interne et externe, nous leur apportons des ressources pour renforcer leurs capacités pour leur permettre de jouer pleinement leur rôle », a ajouté Abdoulaye Coulibaly.
Selon Barbra Rwodzi, parlementaire zimbabwéenne et membre de la Commission des comptes publics (AFROPAC), « la meilleure chose à faire est de renforcer les organismes d’audit des gouvernements pour continuer à surveiller le travail fait par les différents départements ministériels. Les parlementaires doivent également renforcer leurs capacités pour produire des rapports de qualité et pouvoir les défendre devant l’exécutif. »
Les participants ont relevé la nécessité de renforcer la place et le rôle des institutions supérieures de contrôle, des parlements et de la société civile dans le cadre de l’interaction avec les citoyens afin de maintenir leur indépendance, leur meilleur accès aux entités auditées, une infrastructure technologique qui leur permettrait d’effectuer des audits à distance en utilisant les métadonnées. Ils doivent également répondre aux attentes des principales parties prenantes nationales et internationales sur la qualité et la rapidité des audits.
Pour relever ces défis, les institutions supérieures de contrôle doivent s’adapter et se réformer pour continuer à garantir la transparence et la responsabilité. Les organisations de la société civile ont rappelé la nécessité des appuis des institutions multilatérales de développement, comme la Banque, pour leur permettre de rester indépendantes vis-à-vis des gouvernements.
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