Me Mohamed Traoré, avocat au Barreau de Guinée

La détention et la mort de l’opposant Roger Bamba ont suscité beaucoup d’émotions et de débats en Guinée et ailleurs. Des acteurs de la société civile, politiques et défenseurs des droits humains, chacun va de son commentaire.

Invité le jeudi 17 décembre 2020 dans l’émission les grandes gueules de nos confrères de la radio espace FM, Me Mohamed Traoré, avocat à la cour a dit tout sur les conditions de détention des opposants dans les prisons du pays.

Selon l’avocat, lorsqu’il s’agit de détenus VIP, toutes les conditions sont réunies, ce qui n’est pas le cas pour les autres.

« C’est bien vrai que le mandat de dépôt peut-être renouvelé, mais ce qu’il faut dire avant qu’on ne passe au mandat de dépôt, lorsque les conditions de détention provisoire ne sont pas réunies, les juges d’instruction doivent s’abstenir d’envoyer en prison des citoyens contre lesquels des procédures sont ouvertes. Il faut bien qu’on s’entende sur la notion de conditions de détention acceptables. Lorsqu’il s’agit de détenu célèbre comme Ousmane Gaoual Diallo, il y a bien sûr leurs familles qui assurent leurs nourritures et autres. Mais, rendez-vous à la maison centrale vous-mêmes, parfois vous êtes obligés de mettre la main dans la poche pour donner 5.000, 10.000 ou 15.000 GNF à certains détenus. Lorsqu’on parle de conditions acceptables, je pense qu’on ne voit que ces détenus entre guillemets VIP qui ne sont pas ces petits voleurs de téléphones qui sont dans les cales, qu’on appelle parfois même des squelettes», a-t-il dit.

Faisant allusion au décès de Roger Bamba, militant de l’UFDG, il a dit ceci : « Ce que je déplore de plus, c’est la banalité avec laquelle on envoie les gens en détention. Il y a des cas qui ne méritent vraiment pas un placement en détention provisoire. (…). Dans un dossier comme celui de Roger Bamba, quoi qu’on dise, la justice n’a pas tout à fait son indépendance. Disons le clairement, c’est une chimère quand on parle d’indépendance de la justice concernant certains dossiers. Les gens ne vont pas le reconnaître, mais c’est une réalité. Nous avocats qui évoluons sur le terrain, savons ce qui se passe. Les juges n’ont pas souvent les mains libres lorsqu’ils s’agit de ce genre de dossiers».

Daouda Yansané