En 2020, pour la première fois de son histoire, l’OIT a obtenu la ratification universelle d’une norme internationale du travail, avec l’acceptation de l’ensemble des 187 Etats Membres. La ratification universelle de la convention (n° 182) de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, 1999, signifie que, désormais, tous les enfants bénéficient d’une protection juridique contre les pires formes de travail des enfants. Cette réalisation historique intervient à un moment important, puisque les Nations Unies ont proclamé 2021 Année internationale de l’élimination du travail des enfants. Vera Paquete-Perdigao répond à certaines questions clés sur le travail des enfants et la convention n° 182.

Quelle est la situation actuelle en matière de travail des enfants?

Les pays ont fait beaucoup de progrès au cours des vingt dernières années: le taux de travail des enfants au niveau mondial est en effet passé de 246 millions en 2000 à 152 millions en 2016. Mais ce chiffre demeure très élevé, d’autant que la moitié de ces enfants effectuent des travaux dangereux, qui sont définis comme l’une des pires formes de travail des enfants. Aujourd’hui, la pandémie de COVID-19 menace de ralentir, voire d’inverser les progrès accomplis au cours des 20 dernières années. Une génération d’enfants est en situation à risque. Dans ce moment critique, nous devons redoubler d’efforts – en particulier pour atteindre la cible 8.7 des Objectifs de développement durable (ODD) , à savoir mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes d’ici à 2025. Les choix stratégiques sont importants, tant pour préserver les enfants en cette période de crise que pour améliorer durablement leur situation. L’accès à un enseignement gratuit pour tous, à des systèmes de protection de l’enfance et à un travail décent pour les parents et les jeunes en âge de travailler sont autant d’éléments indispensables pour accélérer les progrès et renforcer la résilience face aux crises futures.

Pourquoi la ratification universelle de la convention (n° 182) de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, 1999, est-elle importante?

La ratification universelle  témoigne d’un consensus mondial quant au fait que les pires formes de travail des enfants n’ont pas de place dans nos sociétés. Tous les enfants bénéficient désormais d’une protection juridique contre ces formes de travail. La convention n° 182  a permis de combler une grave lacune dans le cadre juridique international de protection des droits de l’enfant. Mais cela ne signifie pas que le problème est résolu. Pour ce faire, il convient que la convention soit pleinement mise en œuvre, partout dans le monde.

Quelles sont les pires formes de travail des enfants?

Les pires formes de travail des enfants exposent ces derniers à des dangers physiques et/ou à de graves traumatismes psychologiques qui peuvent les perturber à vie. Les pires formes de travail des enfants comprennent toutes les formes d’esclavage ou pratiques analogues, la prostitution et la pornographie enfantines, l’utilisation d’enfants à des fins d’activités illicites, notamment pour le trafic de stupéfiants, et les travaux qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant.

Comment la ratification conduit-elle à l’éradication des pires formes et d’autres formes de travail des enfants dans un pays?

La ratification met en place des actions pour lutter contre le travail des enfants, en droit comme dans la pratique. Les pays qui ratifient la convention n° 182 s’engagent à harmoniser leurs législations et politiques nationales avec les dispositions de ladite convention. Ils promettent aussi de prendre des mesures immédiates et assorties de délais pour prévenir les pires formes de travail des enfants, soustraire les enfants à ces formes de travail, et leur offrir des programmes de réadaptation et les soins nécessaires, en portant une attention particulière à la situation des filles. Dans de nombreux pays, la ratification de cette convention , ainsi que celle de la convention (n° 138) sur l’âge minimum, 1973 , a conduit à l’adoption de plans d’action nationaux sur le travail des enfants, qui appellent des réponses associant l’ensemble des instances gouvernementales. Il existe des preuves concrètes que cela fonctionne. Depuis l’adoption de la convention n° 182 il y a plus de 20 ans, on constate un recul du travail des enfants de près de 40 pour cent et un renforcement des lois et programmes destinés à protéger les enfants contre le travail forcé partout dans le monde.

Comment la ratification universelle contribuera-t-elle à éliminer toutes les formes de travail des enfants d’ici 2025?

La cible 8.7 des ODD est un objectif ambitieux, qui ne peut être atteint que grâce à une collaboration entre tous les acteurs concernés, aux niveaux national et international. Les partenariats tels qu’Alliance 8.7  aident les pays à orienter les progrès vers la réalisation de cette cible grâce au partage de connaissances, d’expériences et d’approches innovantes. Les Nations Unies ont proclamé 2021 Année internationale de l’élimination du travail des enfants . Cela offre la possibilité de renforcer partout dans le monde les mouvements contre le travail des enfants et de maintenir les engagements pris avec la ratification universelle de la convention n° 182. La Ve Conférence mondiale sur l’élimination du travail des enfants en Afrique du Sud (2022) sera un autre événement marquant qui permettra d’évaluer les progrès accomplis, de déterminer ce qu’il reste à faire pour parvenir à un monde exempt de tout travail des enfants d’ici 2025, et de mobiliser toutes les ressources nécessaires pour que cet objectif devienne une réalité.

Avec l’OIT