Au tribunal de première instance de Kaloum, deux sénégalais résidant en Guinée sont à couteau tiré dans une affaire d’escroquerie et faux et usage de faux portant sur un montant de 73 millions de nos francs. Cette affaire qui se trouve devant le juge remonte à 2018, lorsque Seringue Guèye(partie civile) et Babou Faye(prévenu) ont tissé une relation selon nos informations.

L’audience du mercredi 23 décembre 2020, était consacrée aux plaidoiries et réquisitions.

Selon la partie civile, lorsque Seringue Guèye a rencontré son compatriote Babou Faye à Conakry, les deux ont signé un protocole d’accord  sur la gestion de ses véhicules (camions). Désormais, il revenait à M. Faye de veiller à la mise en circulation et au contrôle desdits camions. Mais, les choses ont commencé à mal tourner dans leur collaboration lorsqu’ils ont décroché un contrat avec l’entreprise Ciment de Guinée. Leur entreprise de transport devait d’abord verser un montant de 48 millions de francs guinéens comme caution garantissant le respect du contrat signé avec Ciment de Guinée.

A en croire l’avocate, ce montant a été détourné par le prévenu: « Babou Faye a profité de l’analphabétisme de notre client, Seringue Guèye, qui ne sait ni lire ni écrire, pour verser les 48 millions de francs guinéens dans son compte à la Société générale des banques en Guinée (SGBG) et non là où on lui a indiqué, à la Banque Sahélo-Saharienne. De surcroît, dès qu’il a reçu l’autorisation de gérer les camions, il a débarqué les chauffeurs qu’il a trouvés avec les camions et qui étaient employés par notre client pour les remplacer par d’autres. En tout, Babou Faye a reçu 73 380 000 francs guinéens ».

Ce n’est pas tout, Me Souadou Aribot, l’avocate de la partie civilea aussi demandé au tribunal de condamner le prévenu, Babou Faye, au paiement du montant principal (73 380 000 GNF) et de 165 millions de francs guinéens à titre de dommages et intérêts.

Dans ses réquisitions, le procureur Ousmane Sankhon, a indiqué qu’il y avait une relation amicale et de confiance entre le plaignant et le prévenu. C’est cette relation qui a conduit les deux à la négociation et à la signature de leur accord d’exploitation des camions de Seringue Guèye, moyennant une recette de 2 400 000 francs guinéens par voyage. D’après le représentant du ministère public, les choses n’ont pas tourné comme prévu.

« Babou Faye, alias Jean Baptiste, était le seul gestionnaire de l’affaire et à tous les niveaux. C’est quelques jours après, que la confiance est tombée en hécatombe.

Les 48 millions qui devaient être versés comme caution n’ont pas été versés. C’est quand on a commencé à demander des comptes à Babou Faye qu’il a commencé à renvoyer l’affaire de jour en jour. En plus, on a constaté des retraits frauduleux qui ont été effectués à la banque avec une utilisation de la carte consulaire du doyen Seringue Guèye. Plus grave, les camions ont été saisis par Ciment de Guinée pour non-respect des engagements pris. Et donc, le propriétaire s’est retrouvé sans argent, ni camion », a expliqué l’empereur des poursuites.

C’est ainsi, le procureur estime qu’il y a eu escroquerie, faux et usage de faux dans cette affaire. C’est pourquoi, il a demandé au tribunal de retenir Babou Faye dans les liens de la culpabilité  des délits en le condamnant à un an d’emprisonnement et au paiement de 5 000 000 de francs guinéens d’amende.

Contrairement à la partie civile et le procureur, l’avocat de la défense a déclaré que les faits reprochés à son client n’ont jamais été prouvés par la partie civile et le procureur. Il a demandé le tribunal de renvoyer son client pour des fins de la poursuite.

« Dans ce tribunal, il n’a jamais été prouvé avec des éléments de preuve que Babou Faye a commis une escroquerie. Le ministère public et la partie civile n’ont apporté aucune preuve dans le dossier. Par contre, monsieur Faye est victime de sa bonne foi. Au vu de ce qui s’est passé ici devant vous, je demande l’application de l’article 540 du Code de procédure pénale et sollicite le renvoi de mon client à des fins de poursuites », a plaidé le conseil du prévenu.

C’est sur ces mots de la défense que  tribunal a renvoyé l’affaire  au 28 décembre 2020 pour  rendre sa décision.

Daouda Yansané