Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HDCH) a dénoncé la condamnation de trois journalistes indépendants au Viet Nam à des peines de prison allant de 11 à 15 ans après avoir été reconnus coupables d’atteintes à la sécurité nationale.
Il s’agit d’une « évolution inquiétante qui semble s’inscrire dans une répression croissante de la liberté d’expression dans ce pays », a déclaré une porte-parole du HCDH, Ravina Shamdasani, lors d’un point de presse à Genève.
Pham Chi Dung, Nguyen Tuong Thuy et Le Huu Minh Tuan, respectivement président, vice-président et jeune membre de l’Association des journalistes indépendants du Viet Nam, ont été reconnus coupables mardi 5 janvier par le tribunal populaire de Ho Chi Minh-Ville de « fabrication, stockage, diffusion d’informations, de matériels, d’objets dans le but de s’opposer à l’État » au sens de l’article 117 du Code pénal de ce pays d’Asie du Sud-Est.
Pham Chi Dung a été condamné à 15 ans de prison et à trois ans de probation. Nguyen Tuong Thuy et Le Huu Minh Tuan ont été condamnés chacun à 11 ans de prison et à trois ans de probation.
« Les trois journalistes ont été maintenus en détention provisoire de longue durée et, malgré les assurances données par le gouvernement selon lesquelles une procédure régulière a été suivie, nous nous demandons avec inquiétude si leurs droits à un procès équitable ont été pleinement respectés », a dit la porte-parole du HCDH.
Détention arbitraire
Le Haut-Commissariat se dit profondément préoccupé « par l’utilisation de lois vaguement définies pour détenir arbitrairement un nombre croissant de journalistes indépendants, blogueurs, commentateurs en ligne et défenseurs des droits humains – en violation de l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) ». « Ils sont ensuite fréquemment détenus au secret pendant de longues périodes en détention provisoire, avec des rapports réguliers faisant état de violations du droit à un procès équitable et de préoccupations quant à leur traitement en détention. Plusieurs d’entre eux ont été condamnés à de longues peines suite à leur condamnation pour des crimes contre la sécurité nationale », a noté Mme Shamdasani.
Le HCDH et un certain nombre de mécanismes des droits de l’homme de l’ONU, y compris le Comité des droits de l’homme des Nations Unies qui supervise la mise en œuvre du PIDCP, ont appelé à plusieurs reprises le Viet Nam à s’abstenir d’utiliser une législation restrictive pour restreindre les libertés fondamentales et défendre ses obligations en matière de droits.
« Nous sommes également gravement préoccupés par le fait que les personnes qui tentent de coopérer avec les organes des droits de l’homme de l’ONU soient victimes d’intimidation et de représailles, ce qui pourrait empêcher d’autres personnes de partager des informations sur les droits de l’homme avec l’ONU », a dit la porte-parole du HCDH.
« Nous continuons de soulever ces cas auprès du gouvernement vietnamien, pour lui demander de cesser de recourir à plusieurs reprises à des accusations criminelles aussi graves contre des individus pour avoir exercé leurs droits fondamentaux, en particulier à la liberté d’expression – et de libérer sans condition tous ceux qui ont été détenus dans de tels cas », a-t-elle ajouté. « Nous les exhortons également à réviser et à amender les dispositions pertinentes du Code pénal pour les mettre en conformité avec les obligations du Viet Nam au titre de l’article 19 du PIDCP relatif à la liberté d’expression. Les gens devraient pouvoir exercer ces droits sans crainte de représailles ».