Le monde se rapproche de l’éradication d’une maladie hautement contagieuse qui touche les ovins et les caprins, mais aussi les moyens d’existence de millions de familles qui dépendent de ces animaux pour leur alimentation et leurs revenus, a déclaré mercredi l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Les foyers de la Peste des petits ruminants (PPR), également connue sous le nom de peste ovine et caprine, ont diminué de deux tiers ces dernières années grâce aux campagnes de vaccination menées dans plus de 50 pays, a indiqué l’agence.
« L’éradication de la maladie est possible et essentielle pour mettre fin à la pauvreté et à la faim. Non seulement elle permettrait d’économiser une source précieuse de nourriture et de revenus pour de nombreuses personnes vulnérables, mais elle pourrait aussi empêcher des familles entières de migrer – un risque auquel elles sont confrontées lorsque leurs moyens d’existence sont détruits », a déclaré Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO.
« Un monde sans PPR signifiera également plus de sécurité et d’autonomisation pour les femmes rurales car elles sont souvent chargées de s’occuper du bétail », a-t-elle ajouté.
L’éradication de la maladie est possible et essentielle pour mettre fin à la pauvreté et à la faim – Maria Helena Semedo, Directrice générale adjointe de la FAO
La PPR a été identifiée pour la première fois en Côte d’Ivoire dans les années 1940, mais elle s’est répandue à une vitesse alarmante au cours des 15 dernières années, principalement en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient, et est considérée comme l’une des maladies animales les plus dommageables.
Dans le pire des cas, jusqu’à 80 % des 2,5 milliards de petits ruminants dans le monde risquent d’être infectés si la maladie n’est pas contrôlée, selon la FAO.
Le taux de mortalité de la PPR est de 30 à 70 %, ce qui signifie qu’elle peut être mortelle pour les animaux, mais qu’elle a également de graves conséquences sur la sécurité alimentaire, la résilience des communautés et les revenus.
La FAO a averti que quelque 300 millions de familles dans le monde qui dépendent des ovins, des caprins et autres petits ruminants pour leur alimentation et leurs revenus, pourraient perdre leurs moyens de subsistance si la maladie n’est pas maîtrisée. La perte économique a été estimée à plus de 2 milliards de dollars par an.
Cinq ans de progrès fulgurants
Le chemin vers l’éradication de la PPR a commencé en 2015, lorsque la communauté internationale a fixé l’objectif de mettre fin à la maladie d’ici 2030, conformément à une stratégie élaborée par la FAO et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE).
À l’époque, plus de 3 500 foyers ont été enregistrés dans le monde, contre un peu plus de 1 900 en 2019, selon les dernières données.
Selon la FAO, cette diminution peut être attribuée aux campagnes de vaccination menées et financées par les autorités dans plus de 50 pays, avec le soutien de l’agence et de ses partenaires. Rien que dans 12 pays, plus de 300 millions de chèvres et d’ovins ont été vaccinés entre 2015 et 2018.
Actuellement, 58 pays et une région de Namibie ont été reconnus comme exempts de PPR, tandis que 21 pays n’ont pas enregistré de nouveaux cas pendant cinq années consécutives.
Le champ d’infection du virus de la PPR (…) est encore vaste – Felix Njeumi, Coordinateur du programme PPR de la FAO
Cependant, la FAO a déclaré que la pénurie de vaccins, les mouvements de bétail, les défis logistiques et les perturbations dues à la pandémie de Covid-19 ont créé des obstacles à l’éradication.
En outre, la plupart des pays où la PPR est endémique sont situés dans des régions tropicales ou subtropicales, où les ressources pour le stockage de la chaîne du froid et le transport des vaccins sont limitées.
La FAO, l’OIE et leurs partenaires ont créé une banque de vaccins qui a permis d’améliorer à la fois l’assurance qualité et l’approvisionnement, mais un déficit de financement de 340 millions de dollars pour le programme d’éradication menace les progrès futurs.
« Alors que les foyers de PPR ont considérablement diminué ces dernières années, le champ d’infection du virus de la PPR, tant géographique que sur la gamme d’hôtes, est encore vaste et il faut faire davantage pour lutter contre la maladie », a déclaré le vétérinaire Felix Njeumi, Coordinateur du programme PPR de la FAO.