Devant les hommes de médias, ce vendredi, 22 janvier 2021 à Conakry, la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCPI), a dénoncé l’inertie de l’appareil judiciaire dans la procédure engagée dans le dossier des crimes commis à la suite d’une grève générale et illimitée déclenchée par les centrales syndicales CNTG et USTG en janvier et février 2007 en Guinée.
Quatorze ans après les faits, les victimes attendent encore justice .
D’après Amadou Barry, chargé des affaires juridiques de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale, malgré le lourd bilan des crimes de masse, la justice peine à se bouger : « Le bilan des massacres a été lourd, et sur toute l’étendue du territoire national : environ 186 morts, 1 188 blessés graves, 940 arrestations et des détentions arbitraire suivies de torture, de traitements cruels, inhumains et dégradants, 28 cas de viols, sans oublier les destructions d’édifices publics et privés. Au lendemain de la nomination d’un Premier ministre conformément aux accords signés entre le gouvernement guinéen, les centrales syndicales et le patronat, sous l’égide de la CEDEAO, une loi portant création d’une commission d’enquête a été constituée le 18 mai 2007 pour identifier les principaux auteurs des violations des droits de l’homme commises durant la grève déclenchée par les acteurs sociaux. Depuis cette date jusqu’en 2012, aucune suite n’a été enregistrée sur le plan judiciaire face aux attentes des victimes, dont la demande de justice était très élevée ».
Déplorant cette situation, Me Hamidou Barry, le président de la Coalition Guinéenne pour la Cour Pénale Internationale (CGCPI) a rappelé que le 18 mai 2012, l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH), la Fédération Internationale des Ligues de Droits de l’Homme (FIDH) et 50 victimes des événements, avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile devant le tribunal de première instance de Dixinn (Conakry II). Mais après l’audition de 28 victimes par un juge d’instruction dit-il, le dossier a été mis aux oubliettes : « Les crimes de masse ne sont pas faciles d’autant plus qu’on a à faire à de hautes personnalités de l’autorité civile ou de la hiérarchie militaire. Lorsque vous lisez le rapport sur les événements de janvier et février 2007, et lorsque vous lisez les déclarations des victimes, vous verrez que souvent, ce sont les mêmes personnalités qui se retrouvent dans le dossier du massacre du 28 septembre 2009. C’est à la fois donc certaines personnalités de l’armée, de la police et de la gendarmerie. Ce qui fait que toute personne qui vous dira que les massacres du 28 septembre sont faciles, que les événements de janvier et février 2007 sont faciles, elle se trompe».
« D’ailleurs, on peut dire qu’il y a une avancée concernant les massacres du 28 septembre 2009. Parce que les enquêtes ont été clôturées depuis janvier 2019 en vertu d’un arrêt qui a été rendu par la Cour suprême de la République de Guinée. Il y a une avancée parce qu’on a osé porter plainte pour des crimes de masse en mai 2012. (…) Donc, pour nous, chaque fois qu’il y a commémoration, nous rappelons que ces crimes-là existent. C’est avec l’ensemble de ces combats que nous allons construire l’Etat de droit, participer à la promotion et à la protection des droits de l’homme, mais surtout que nous allons assurer l’avenir des générations futures », a déclaré l’avocat.
Pour éviter le pire, la CGCPI à travers son chargé de communication Boussiriou Diallo, a demandé aux autorités guinéennes d’accorder à la justice les ressources nécessaires afin d’examiner les cas graves de violations des droits de l’homme devant les juridictions guinéennes. Ensuite, mettre en place dans les meilleurs délais la commission vérité-justice-réconciliation et accorder une indemnité provisoire à toutes les victimes de violations graves des droits de l’homme.
TAOB