Poursuivis pour abus de confiance et rébellion à la loi au préjudice des Etablissements Alsény Bangoura et associés, la Banque centrale de la République de Guinée et son gouverneur, Louncény Nabé sont-ils exonérés de leur responsabilité dans cette affaire ?
En tout cas, cette question légitime est sans réponse. Puisqu’un récent communiqué du ministère de la justice avait apporté un démenti formel par rapport à ce dossier.
Alors qu’ils s’attendaient à l’exécution du mandat d’amener décerné récemment contre les prévenus le lundi 22 février 2021, les avocats de la partie civile désagréablement surpris de trouver que le dossier ne soit pas inscrit au rôle du tribunal de première instance de Kaloum. D’après notre source, l’affaire a été finalement délocalisée à la cour d’appel de Conakry.
« La surprise est d’autant plus grande que nous avons avec beaucoup d’amertume, constaté l’absence même du procureur de la République près le tribunal de première instance de Kaloum dans sa juridiction. Le procureur a fui ses locaux, il a trouvé refuge au parquet général et avec lui le dossier. On ne sait quel traitement ils sont en train de faire. Nous attendons son retour pour que le mandat soit exécuté. Parce que si le mandat ne s’exécute pas, nous allons le poursuivre lui-même (le procureur de Kaloum, ndlr). Mais ne cautionnerais jamais cette illégalité, cette injustice. La loi est faite pour tout le monde. Le gouverneur de la Banque centrale n’est pas couvert par l’immunité. Il gère une institution autonome qui est dotée de la personnalité morale, juridique et de l’autonomie financière. Il est responsable de ses actes vis-à-vis des tiers. Il doit répondre », a indiqué Me Paul Yomba Kourouma, l’un des avocats de la partie civile.
Plus loin, l’avocat met en cause le ministre de la justice, Me Mory Doumbouya : «l’implication du département de la justice dans cette affaire a payé, parce que le ministre de la justice, garde des sceaux, a fait une irruption dans les affaires judiciaires en apportant des démentis par rapport au mandat d’amener décerné (…). Le ministre de la justice est censé être le gardien de la loi, de la légalité, du respect des institutions, des décisions de justice. Mais, il bascule malheureusement vers les personnes mises en cause dans cette affaire, peut-être en raison de leur position administrative, sociale, en raison de leur fortune. Ce dossier ne peut quitter le tribunal de première instance de Kaloum pour être dans le bureau de M. le procureur général s’ils n’ont pas reçu d’ordre de M. le ministre de la justice, garde des sceaux ».
TAOB