L’AFD s’affirme aujourd’hui comme une agence « résolument féministe » : comment cette ambition forte se décline dans la stratégie globale du groupe ?
L’AFD s’affirme aujourd’hui comme une agence « résolument féministe » : comment cette ambition forte se décline dans la stratégie globale du groupe ?
avec des équipes dédiées sur ce sujet, mais également disposer d’un réseau de référents genre et de managers engagés sur le sujet, décliner des mesures ambitieuses sur l’égalité professionnelle, dédier des ressources financières à travers nos opérations et nos financements dédiés, ou encore développer des partenariats et une communication ambitieux sur cette thématique.
Au niveau des financements, l’AFD a des objectifs à l’horizon 2022 fixés par la Stratégie internationale de la France pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2018-2022 : 50 % du volume d’engagements sensible au genre. En 2020, malgré un contexte d’extrême fragilité mondiale, nous avons fait mieux que cet objectif en atteignant 67,1 % de volumes annuels d’engagement, avec pour objectif principal ou significatif l’égalité entre les femmes et les hommes.
Pourriez-vous nous donner quelques exemples d’opérations emblématiques qui portent les valeurs féministes de l’AFD ?
Nos opérations se concentrent sur deux axes majeurs : le renforcement des droits économiques et sociaux des femmes et la sensibilisation aux droits à la santé sexuelle et reproductifs et au droit à disposer de son corps.
Concernant le premier axe, nous intervenons par exemple en Colombie aux côtés de l’ONG Taller abierto, qui accompagne les communautés afro-colombiennes touchées par les violences et travaille à l’insertion accrue des femmes dans la société.
En République Centrafricaine, nous soutenons financièrement le développement d’un centre de prise en charge des victimes de violences sexuelles et de violences basées sur le genre, en partenariat avec la Fondation Dr Mukwege et la Fondation Pierre Fabre, qui comprend 4 volets de prise en charge : médicale, psychosociale, juridique et réinsertion sociale.
Pour le second axe, mentionnons le projet tunisien Enda, qui propose des micro-prêts, des formations adaptées, et des campagnes de sensibilisation sur les droits socio-économiques des femmes afin de dynamiser l’entrepreneuriat féminin dans le pays. Depuis la création de ce programme, plus de 800 000 ménages ont pu prendre part à l’économie du pays dont plus de 60 % de femmes.
Nous soutenons également à hauteur de 10 millions d’euros l’initiative AFAWA. Portée par la Banque africaine de développement, elle consiste à éliminer les obstacles structurels auxquels sont confrontées les femmes entrepreneures du continent africain et notamment celles vivant en milieu rural. Elle doit permettre l’accès aux financements et aux formations adaptées afin de favoriser la participation des femmes dans les économies locales et leur assurer une source de revenu pérenne.
Qu’attend l’AFD du Forum Génération Égalité, qui aura lieu au cours du premier semestre 2021, et quels sont les axes d’interventions qui seront privilégiés dans la promotion de l’égalité entre les sexes ?
Nous attendons du Forum Génération Égalité qu’il propose des actions concrètes pour continuer de promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, 25 ans après la Plateforme et la Déclaration de Beijing. Cette feuille de route est nécessaire à la réussite des Objectifs de développement durable (ODD) en 2030, et notamment à son ODD n°5 sur le genre. C’est pour cela que l’AFD fait partie de l’équipe du Secrétariat général du Forum Génération Égalité (FGE).
Concrètement, notre première mission est de mettre en place le Fonds de soutien aux organisations féministes (FSOF) aux côtés du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il vise à soutenir les organisations féministes de la société civile opérant dans les pays partenaires de la politique de développement de la France. Ce fonds mobilise pendant trois ans 120 millions d’euros pour financer les activités des mouvements féministes dans le monde. Il est destiné aux organisations de la société civile locale agissant en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes, les droits des femmes et des filles et les enjeux de genre.
La seconde, qui fera l’objet d’un bilan à l’occasion du FGE, est de consolider la coalition de banques de développement sur le genre. Le sommet Finance en Commun, qui s’est tenu en novembre 2020, a été l’occasion de proposer une Déclaration des banques de développement sur l’égalité de genre et l’émancipation des femmes, aujourd’hui signée par 26 banques de développement.
Dans ce cadre, nous organisons, en lien avec ONU Femmes, des groupes de travail autour des questions de financement de l’égalité, des bonnes pratiques et redevabilité, et finançons l’étude de l‘International Development Finance Club (IDFC) sur les pratiques externes en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.
Cette étude proposera 10 plans d’action sur le genre pour chacune des banques volontaires de l’IDFC. Ces travaux se poursuivront lors du second volet du Sommet Finance en Commun, qui se tiendra en novembre prochain.
AFD