Le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme « regrette profondément » l’approbation par la Suisse, de l’initiative sur l’interdiction du voile intégral et a estimé, mardi à Genève, que le recours ou l’utilisation d’une loi pour dicter aux femmes ce qu’elles doivent porter est problématique du point de vue des droits de l’homme.
Certes, « les femmes ne devraient pas être contraintes de se couvrir le visage » mais une interdiction législative de le faire affecte également « la liberté des femmes de manifester leur religion ou leurs croyances et aura un impact plus large sur leurs droits humains », a maintenu le Haut-commissariat.
Maintenant que l’initiative a été adoptée, à la suite d’une campagne publicitaire politique aux « tonalités xénophobes », « la Suisse rejoint le petit nombre de pays où la discrimination active contre les musulmanes est désormais sanctionnée par le droit », a déclaré devant la presse, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH).
Le HCDH a salué l’opposition du Conseil fédéral et la proposition d’un contre-projet, tout en qualifiant le résultat final du vote de « profondément regrettable ».
Cette mesure intervient à un moment où les femmes musulmanes en Europe font déjà état d’une augmentation de la discrimination, des stéréotypes, de l’hostilité. Dans certains cas, elles font l’objet de violence physique, en raison de leurs vêtements.
De telles interdictions remettent en question la liberté d’action des femmes
Pour les services de la Haut-Commissaire, Michelle Bachelet, les arguments en faveur de telles interdictions dans divers pays européens, dont la Suisse, remettent en question la liberté d’action des femmes qui portent des masques et, d’autre part, les punissent davantage pour quelque chose qui – dans les cas où cet argument est vrai – échappe à leur contrôle.
« Que le voile soit imposé à une femme par son conjoint ou par des membres de sa famille, ou qu’il lui soit imposé par sa propre volonté d’adhérer à ses croyances religieuses ou culturelles, son interdiction marginaliserait et exclurait davantage les musulmanes de la vie publique », a fait valoir la porte-parole du HCDH.
A ce sujet, l’article 18 du Pacte international sur les droits civils et politiques soutient que cette liberté peut seulement être restreinte par des limitations indispensables pour la protection de la sécurité publique, l’ordre, la santé ou les valeurs fondamentales d’autres personnes.
De vagues justifications sur la façon dont le port de couvre-visages constituerait une menace pour la sécurité, la santé ou les droits d’autrui ne peuvent être considérées comme légitimes pour une telle restriction des libertés fondamentales », fait remarquer la porte-parole du Haut-Commissariat.
ONU Info