Bien que les peuples autochtones du monde vivent dans des zones qui contiennent environ 80 % de la biodiversité de la planète, beaucoup luttent encore pour maintenir leurs droits légaux sur les terres, les territoires et les ressources, selon un nouveau rapport que vient de publier l’ONU.
« Garantir les droits collectifs des peuples autochtones sur les terres, les territoires et les ressources ne sert pas seulement à leur bien-être, mais aussi à relever certains des défis mondiaux les plus pressants, comme le changement climatique et la dégradation de l’environnement », a déclaré l’économiste en chef des Nations Unies, Elliott Harris, lors du lancement virtuel du rapport à New York vendredi.
La dernière édition du Rapport sur la situation des populations autochtones dans le monde examine les défis auxquels les communautés sont confrontées pour faire valoir leurs droits fonciers, que ce soit dans le contexte de l’agro-industrie, des industries extractives, du développement, de la conservation et du tourisme.
Les gardiens de la Terre
Selon le Département des affaires économiques et sociales (DESA) des Nations Unies, qui a publié le rapport, les peuples autochtones sont souvent décrits comme « les gardiens des précieuses ressources de notre Terre ».
À mesure que les pays sont confrontés aux effets du changement climatique, leurs connaissances traditionnelles de la terre et leurs droits territoriaux sont de plus en plus reconnus.
Il y a un peu plus de cinq ans, les gouvernements ont adopté l’Agenda 2030 pour le développement durable, qui établit une feuille de route vers un avenir plus sûr et équitable pour tous les peuples et la planète à travers les Objectifs de développement durable (ODD).
Bien que les 17 ODD répondent aux principales préoccupations des autochtones, ils sont encore insuffisants à certains égards, a déclaré aux journalistes M. Harris.
« Par exemple, l’Agenda 2030 ne reconnaît pas pleinement les droits collectifs relatifs aux terres et aux ressources, ou à la santé, à l’éducation, à la culture et aux modes de vie et pourtant les droits collectifs sont au cœur même des communautés autochtones », a expliqué le sous-secrétaire général de DESA.
Les conflits fonciers en hausse
M. Harris a souligné d’autres défis sérieux, notant que dans de nombreuses régions du monde, les droits des peuples autochtones sur les terres, les territoires et les ressources restent limités ou non reconnus. Même lorsqu’il existe un soutien juridique, la mise en œuvre est souvent bloquée ou incohérente.
Les défenseurs des droits des autochtones ont également été confrontés à d’énormes risques et représailles pour avoir défendu leurs terres, allant de la criminalisation et du harcèlement aux agressions et aux meurtres, a-t-il ajouté.
Anne Nuorgam, l’actuelle Présidente de l’Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, également présente lors du lancement, a signalé une augmentation des cas d’empiètement sur les terres et territoires autochtones pendant la pandémie de COVID-19 et les confinements qui ont suivi.
« Les sources de conflit sont nombreuses et vont depuis l’extraction des ressources, l’exploitation forestière, les terres pour les sources d’énergie renouvelables et l’agro-industrie jusqu’aux conflits entre les pasteurs autochtones, les éleveurs nomades et les agriculteurs pour la diminution des pâturages en raison de la guerre, et les effets du changement climatique ainsi que la création de zones de conservation », a précisé Mme Nuorgam lors du lancement.
« Le manque de respect du principe et de la signification du consentement libre, préalable et éclairé, tant par les gouvernements que par le secteur privé, se poursuit sans relâche », a-t-elle regretté.
L’importance des données
Le rapport de l’ONU propose plusieurs recommandations à l’intention des autorités nationales qui œuvrent à la réalisation des ODD.
Les auteurs conseillent aux États d’inclure la reconnaissance des droits coutumiers des peuples autochtones sur leurs terres et leurs ressources dans les données sur les droits fonciers sécurisés.
Les gouvernements sont également invités à collecter de meilleures données, ventilées par appartenance ethnique et identité autochtone, afin que les défis auxquels sont confrontées les communautés autochtones spécifiques soient plus précisément reflétés dans les rapports sur les ODD.
ONU Info