Les risques d’infection, de vol, de volatilité des prix, de quarantaine, de restrictions aux frontières et de fermeture des installations sociales ont créé des problèmes sociaux et économiques complexes pour les conducteurs et les entreprises de transport routier pendant la pandémie de COVID-19.

GENÈVE (OIT Infos) – L’industrie du transport routier a été durement touchée par la pandémie de COVID-19  et des mesures urgentes seront indispensables si l’on veut résoudre les problèmes de travail décent et les problèmes financiers de l’industrie, selon Alejandra Cruz Ross, spécialiste des transports à l’OIT.

Les gouvernements, les organisations de travailleurs et d’employeurs, ainsi que les autres acteurs de la chaîne d’approvisionnement du transport routier – expéditeurs, réceptionnaires, acheteurs de transport et intermédiaires – devront travailler ensemble pour lutter efficacement contre la crise, a-t-elle déclaré

«Les camionneurs qui livrent du matériel médical et d’autres produits de première nécessité doivent être protégés de manière adéquate», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.

Dans certains pays, les gouvernements ont classé les chauffeurs de camion comme des travailleurs essentiels et les ont exclus, ainsi que d’autres travailleurs de la logistique, des restrictions liées à la pandémie.

L’Union internationale des transports routiers (IRU), l’association sectorielle mondiale pour le transport routier qui représente 3,5 millions d’entreprises de transport, a averti dans un document politique  que la structure du secteur le rend particulièrement vulnérable aux difficultés financières, car il est largement composé de propriétaires-exploitants, d’entrepreneurs indépendants et de micro et petites entreprises.

Les plans de sauvetage et les mesures de soutien devraient être adaptés à ces réalités, si l’on veut éviter une vague de faillites, a averti l’IRU.

© Saiyna Bashir / IMF

«L’industrie du transport routier a connu une année extrêmement difficile, avec des pertes au niveau mondial dues à la pandémie de COVID-19 qui devraient dépasser 1 000 milliards de dollars des Etats-Unis», a déclaré Umberto de Pretto, Secrétaire général de l’IRU. «Nos chauffeurs ont continué à travailler tout au long de la crise, amenant les personnes et les biens là où ils sont nécessaires. Souvent confrontés à des restrictions inutiles, notamment aux frontières, qui les mettent davantage en danger, ils sont des travailleurs essentiels. Ils devraient recevoir la même protection que les autres travailleurs des services vitaux, y compris une vaccination précoce.»

La Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF), qui représente 19 millions de travailleurs du transport, cite une série de défis en matière de travail décent auxquels sont confrontés les conducteurs de camion, créés ou exacerbés par les restrictions imposées par le COVID-19.

Les camionneurs ont connu de longues périodes de travail, car certains gouvernements assouplissent les règles relatives au temps de travail et/ou de conduite. Les temps d’attente ont été longs et les discriminations liées à la quarantaine obligatoire ou à la fermeture des ports d’entrée terrestres ont été nombreuses. Certains expéditeurs et destinataires disposent d’installations inadéquates, notamment d’un manque d’accès à l’eau douce et aux toilettes.

Selon James P. Hoffa, président de la section du transport routier de la ITF, les chauffeurs de camion ont joué un rôle crucial dans le maintien de la circulation des chaînes de fret mondiales pendant la pandémie. «Les chauffeurs de camions sont reconnus comme des héros pour avoir gardé les étagères bien garnies et approvisionné les hôpitaux», a-t-il déclaré.

Les risques professionnels ont également augmenté, notamment la violence liée au vol de cargaisons de produits essentiels et de produits pharmaceutiques, et la pénurie d’équipements de protection individuelle. Certains camionneurs sont également confrontés à des difficultés financières en raison de la baisse des tarifs de fret, de l’incertitude quant à la couverture d’assurance et de l’insuffisance de la protection sociale des chauffeurs indépendants ou informels.

«Une fois de plus, ce sont les travailleurs du transport, qui ont tant sacrifié tout au long de cette pandémie pour que le monde continue de tourner, qui sont les victimes innocentes des restrictions du COVID-19», a déclaré Stephen Cotton, Secrétaire général de l’ITF. «La pandémie de coronavirus a montré de façon frappante que l’accès à des installations sanitaires décentes est véritablement un problème mondial. Le manque d’accès aux installations sanitaires est un affront à la dignité humaine pour tous les travailleurs du transport.»

L’OIT a publié des Principes directeurs sur la promotion du travail décent et de la sécurité routière dans le secteur des transports , qui offrent une base pour relever certains de ces défis industriels. Il existe également une note sectorielle sur le COVID-19 et le transport routier  qui comprend un résumé des réponses et des mesures de soutien prises par les mandants de l’OIT. Il s’agit notamment de la demande conjointe, ITF/IRU: Demandes conjointes aux gouvernements et aux organismes internationaux , qui examine les moyens d’améliorer les conditions de travail et la situation financière des conducteurs pendant la pandémie, y compris l’accès aux soins de santé et autres mesures de protection sociale.

En outre, l’IRU a publié un appel à l’action COVID-19  à l’intention des gouvernements, qui souligne la nécessité d’un soutien gouvernemental pour prévenir les faillites, introduire la technologie et numériser le secteur, et accroître la coordination des procédures de passage des frontières.