A l’occasion de la Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, les Nations Unies ont appelé à défendre les droits et la dignité des personnes LGBTQI+.
« Partout dans le monde, les personnes LGBTQI+ sont discriminées pour le simple fait d’être elles-mêmes. Et la pandémie de Covid-19 exacerbe la situation », a déploré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, dans un message publié pour la Journée.
L’ONU a constaté que, depuis le début de la pandémie, la discrimination, la violence, les discours de haine, l’exclusion sociale et économique, la stigmatisation et les obstacles à l’accès aux soins de santé, à l’éducation, à l’emploi et aux services de base s’étaient aggravés pour les personnes LGBTQI+. Des mesures préoccupantes ont été prises pour annuler les protections juridiques et sociales de leurs droits humains fondamentaux.
« Parmi les efforts de relèvement de la pandémie visant à instaurer une société meilleure, nous devons prendre des mesures concrètes pour abroger les lois discriminatoires, lutter contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les caractéristiques sexuelles, et combattre les causes profondes de ces injustices », a précisé M. Guterres.
Les relations entre personnes de même sexe sont criminalisées dans plus de 70 pays et punies de mort dans six d’entre eux. Ailleurs, les personnes LGBTQI+ sont confrontées à la discrimination et empêchées de fréquenter l’école, de décrocher des emplois ou d’ouvrir leur propre entreprise.
Le Secrétaire général a appelé à construire un monde inclusif « où chaque personne peut vivre libre et égale en dignité et en droits, indépendamment de qui elle est, où elle vit et qui elle aime ».
La militante Bianka Rodriguez, première sympathisante transgenre du HCR
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a exhorté les pays à garder leurs portes ouvertes aux personnes LGBTQI+ qui cherchent refuge.
En cette Journée internationale contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a annoncé que le HCR a choisi de nommer la militante transgenre salvadorienne Bianka Rodriguez comme sa première sympathisante transgenre.
« Tenue en joue, insultée par sa propre mère et chassée de l’école parce qu’elle était transgenre, Bianka Rodriguez s’attache aujourd’hui à promouvoir une législation équitable et à développer des réseaux de soutien pour les personnes LGBTQI+ au Salvador, y compris celles qui ont été forcées de fuir leurs foyers et leurs communautés en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre », a rapporté M. Grandi.
La nomination de cette militante auprès du HCR lui permettra de s’associer à l’action de protection et de défense des droits des déracinés LGBTQI+ que mène l’agence onusienne à travers le monde.
Les personnes LGBTQI+ sont souvent en butte à la même stigmatisation à leur arrivée dans des pays voisins. Elles sont à haut risque d’abus et de violences sexuelles et ne bénéficient pas ou guère de la protection de la police. Elles se voient souvent refuser l’accès aux services essentiels, tels que les soins de santé et l’aide juridique.
« Nous vivons dans un monde où les solutions pour les réfugiés manquent de plus en plus. Les possibilités de réinstallation dans des pays tiers – qui sont souvent l’option la plus sûre et la seule pour les réfugiés LGBTQI+ – sont plus insuffisantes que jamais », a déploré M. Grandi. « Tant qu’il existera des persécutions fondées sur l’orientation sexuelle et l’expression de genre, j’appellerai les pays à venir en aide aux personnes LGBTQI+ qui sont souvent les plus à risque et doivent d’urgence être mises en sécurité », a-t-il ajouté.
Pour le Haut-Commissaire, toutes les personnes LGBTQI+ doivent pouvoir vivre en paix et en sécurité dans leur propre pays. « Le HCR continuera à plaider en ce sens. Dans l’intervalle, les nations doivent accueillir ceux et celles qui cherchent refuge et le HCR veillera à ce que les réfugiés LGBTQI+ obtiennent le soutien dont ils ont besoin où qu’ils se trouvent », a-t-il dit.
Les chefs religieux doivent faire preuve de respect et de compassion
A l’occasion de la Journée, des experts des droits de l’homme aux niveaux international et régional ont exhorté les gouvernements, les institutions confessionnelles et les chefs religieux à accueillir avec respect et compassion la communauté des personnes LGBTQI+, et à rejeter les politiques, les lois et les pratiques discriminatoires ou qui alimentent les préjugés.
Parmi les pays qui continuent de criminaliser les relations entre personnes de même sexe, plusieurs d’entre eux, situés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, en Asie du Sud et du Sud-Est et en Afrique subsaharienne, justifient le maintien des interdictions légales de l’homosexualité, introduites dans la plupart des cas par les autorités coloniales, par le fait qu’elles soutiennent les principes de l’islam ou du christianisme et sont donc nécessaires au maintien de la moralité publique.
« La liberté en général, et la liberté de pensée, de conscience et de religion ou de conviction en particulier, sont les pierres angulaires du cadre international des droits de l’homme, et le droit à la liberté de religion ou de conviction de tous les êtres humains au cours de leur vie, y compris celui des personnes LGBT, doit être reconnu », a déclaré l’Expert indépendant sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, Víctor Madrigal-Borloz, dans une déclaration commune.
« Les autorités religieuses ont la responsabilité de veiller à ce que la religion et la tradition ne soient pas utilisées pour promouvoir la discrimination des personnes fondée sur leur orientation sexuelle et leur identité de genre », a souligné l’expert onusien.
« Certains récits alimentent l’idée erronée selon laquelle il existerait un conflit inhérent entre le droit à la liberté religieuse et les droits humains fondamentaux des personnes LGBT. Il s’agit d’une idée fabriquée qui contribue à leur exclusion de tous les secteurs de la vie sociale, ainsi qu’aux violences qui sont perpétrées à leur encontre », a argué M. Madrigal-Borloz.
L’expert a condamné l’incitation à la violence et à la discrimination sur la base de caractéristiques personnelles par certains leaders religieux. « Une telle incitation constitue un discours de haine et n’est protégée ni par la liberté d’expression ni par la liberté de religion ou de conviction. Les institutions religieuses ont droit à l’autonomie dans l’administration de leurs affaires et peuvent avoir des opinions diverses sur les questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre, mais en aucun cas leurs autorités ne doivent inciter à la violence ou à la haine », a-t-il insisté.
ONU Info