Les avocats en charge de la défense des détenus politiques ont réagi au récent communiqué du procureur Sidy Souleymane N’Diaye portant sur l’interdiction de sortie du territoire des opposants.
Par la voix de Me Mohamed Traoré, ils qualifient la déclaration du chef du parquet de Dixinn de simple absurdité.
«Il affirme que, “pour les nécessités des procédures, toutes les mesures d’interdiction de sortie du territoire ordonnées à l’encontre de certaines personnes en application de la législation en vigueur, sont maintenues et pourraient être étendues à d’autres personnes”. Ce qu’on remarque au prime abord, c’est qu’il n’indique pas depuis quand ces mesures ont été ordonnées ? Qui les a ordonnées ? Contre qui elles ont été ordonnées ? Et en vertu de quelles dispositions légales précises ? Cette déclaration est tout simplement aberrante. Comme nous l’avons clamé partout et à toutes les occasions, aucune mesure d’interdiction n’existe dans ces dossiers. Je me demande sur quelle base, on pourrait prendre une mesure d’interdiction de sortie du territoire national contre un citoyen qui ne fait l’objet d’aucune poursuite pénale. Si les personnes bloquées à l’aéroport de Conakry étaient au moins inculpées dans un dossier, on pourrait dire qu’elles font l’objet d’une mesure de contrôle judiciaire qui restreint leur liberté d’aller et de venir, comme c’est le cas d’un opposant au Sénégal. Mais, encore une fois, leurs noms n’apparaissent dans aucun dossier », a lancé l’ancien bâtonnier Me Traoré.
En réalité poursuit-il, toutes ces manœuvres n’ont qu’un but, celui d’affaiblir l’opposition.
A l’en croire également, l’interdiction des manifestations et la fermeture des bureaux de l’UFDG s’inscrivent également dans ce cadre. C’est pourquoi dit-il, ‘‘on est obligé d’admettre en fin de compte que le procureur est vraiment au service du gouvernement et il s’acquitte avec brio de sa tâche conformément aux instructions qu’il reçoit’’.
Pour conclure ses propos, l’avocat des détenus politiques croit avoir raison de tourner ses voies de recours vers les juridictions internationales pour faire triompher le droit face aux violations des droits humains dans son pays : « je pense qu’avec ces violations graves de la loi et le peu de garanties juridictionnelles que nous constatons au plan interne, il ne nous reste plus qu’à nous tourner vers les juridictions supranationales ».