Plus de 19.300 garçons et filles affectés par la guerre l’année dernière ont été victimes de violations graves telles que le recrutement ou le viol, et la pandémie de Covid-19 a rendu difficile l’accès des experts, a déclaré l’ONU dans son rapport annuel sur les enfants et les conflits armés publié lundi.
Les violations graves contre les enfants sont restées « à un niveau alarmant » à près de 26.500, tandis que la pandémie a accru leur vulnérabilité aux enlèvements, au recrutement et aux violences sexuelles, ainsi qu’aux attaques contre les écoles et les hôpitaux.
Les mesures visant à freiner la propagation du coronavirus ont également compliqué le travail des observateurs et experts de la protection de l’enfance des Nations Unies, selon le rapport intitulé Une enfance volée et un avenir à réparer : la vulnérabilité des filles et des garçons dans les conflits armés exacerbée par la pandémie de Covid-19.
« Les guerres d’adultes ont de nouveau volé l’enfance de millions de garçons et de filles en 2020. C’est complètement dévastateur pour eux, mais aussi pour l’ensemble des communautés dans lesquelles ils vivent, et détruit les chances d’une paix durable », a déclaré Virginia Gamba, la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.
Le recrutement et l’utilisation, ainsi que le meurtre et la mutilation d’enfants, ont été les violations les plus répandues en 2020, suivies du refus d’accès humanitaire et des enlèvements, selon le rapport.
Enlèvements, attaques contre l’éducation des filles
Plus de 8.400 jeunes ont été tués ou mutilés dans les guerres en cours en Afghanistan, en Syrie, au Yémen et en Somalie, tandis que près de 7.000 autres ont été recrutés et utilisés dans des combats, principalement en République démocratique du Congo, en Somalie, en Syrie et au Myanmar.
Les chercheurs ont signalé une « croissance exponentielle » des enlèvements, qui ont augmenté de 90% l’année dernière. Les viols et autres formes de violence sexuelle ont également augmenté de 70%.
Pendant ce temps, les attaques contre les écoles et les hôpitaux « sont restées excessivement élevées », notamment des attaques graves perpétrées contre l’éducation des filles et contre les établissements et le personnel de santé. Il y a également eu une augmentation de l’utilisation militaire des écoles, car la fermeture temporaire des écoles pendant la pandémie en a fait des cibles faciles pour l’occupation et l’utilisation militaires.
Le rapport a en outre révélé que les filles représentaient un quart de tous les enfants victimes de violations graves. Elles ont été principalement touchées par le viol et d’autres formes de violence sexuelle, représentant 98% des victimes, suivis par les meurtres et les mutilations.
« Si les garçons et les filles vivent les conflits différemment et nécessitent des interventions pour mieux répondre à leurs besoins spécifiques, les données ont également montré que les conflits ne se différencient pas en fonction du sexe », a déclaré Mme Gamba.
Progrès et engagements
Malgré les statistiques qui donnent à réfléchir, le rapport détaille également des progrès tangibles dans les dialogues avec les parties belligérantes en Afghanistan, en République centrafricaine, au Nigéria, aux Philippines, au Soudan du Sud et en Syrie.
Quelque 35 nouveaux engagements ou autres promesses ont été pris l’année dernière pour mieux protéger les enfants, dont deux nouveaux plans d’action signés au Myanmar et au Soudan du Sud.
De plus, les groupes et forces armées ont libéré plus de 12.643 enfants de leurs rangs suite à l’engagement de l’ONU, et beaucoup plus de garçons et de filles ont été épargnés du recrutement en raison des processus de sélection de l’âge dans des situations où l’ONU a des plans d’action avec les gouvernements pour arrêter le recrutement et l’utilisation d’enfants.
Le rapport indique cependant que des progrès ont été réalisés alors que les capacités de protection de l’enfance sur le terrain sont à la fois surexploitées et sous-financées.
Promouvoir la paix, les droits de l’enfant et la démocratie
Mme Gamba a félicité les équipes travaillant sur le terrain tout au long de la pandémie et dans des environnements difficiles.
Elle a souligné la nécessité de garantir des ressources pour la protection de l’enfance à une époque d’extrême souffrance pour les enfants, compte tenu des nombreux revers des processus démocratiques au début de cette année et de la montée de la violence entre les belligérants.
« C’est l’occasion de s’arrêter et de réfléchir aux souffrances que nous causons à nos enfants, qui sont notre avenir », a déclaré le haut responsable de l’ONU. « Nous devons offrir aux enfants une alternative à la violence et aux abus : nous avons besoin de paix, de respect des droits de l’enfant et de démocratie. Nous avons besoin d’espoir dans un bonne gouvernance. Nous devons agir pour construire un avenir où règne la paix. S’il vous plaît, donnez aux enfants cette alternative ».
ONU Info