Me Mohamed Traoré, avocat au Barreau de Guinée

Plusieurs détenus politiques ont bénéficié de la  grâce  présidentielle après avoir demandé pardon au chef de l’état Alpha Condé. Parmi eux , Boubacar Diallo dit Grenade, Mamadi condé alias Madic100 Frontières, Souleymane Condé et  Youssouf Dioubaté.

Bien qu’il soit difficile de comprendre le revirement  d’opinion des détenus , Me Mohamed  Traoré demande aux citoyens de s’abstenir d’accabler les concernés qui aspirent à la liberté.   « Il serait injuste d’accabler les détenus politiques qui se voient contraints de demander pardon afin de recouvrer leur liberté. Certains d’entre eux ont été injustement condamnés ou condamnés à des peines disproportionnées par rapport aux faits qui leur sont reprochés. Beaucoup n’avaient peut-être plus aucun espoir de sortir de prison avant l’expiration de la peine qui leur a été infligée. Nous ne sommes pas à leur place en prison ; nous ne vivons pas les mêmes réalités qu’eux. Leur détention les empêche d’assumer leurs responsabilités surtout vis-à-vis de leurs familles. Ils ont donc saisi ce qu’ils considèrent comme l’unique occasion d’être libres avant la fin de leur peine ».

« Tout le monde n’a pas forcément les aptitudes nécessaires pour faire face à certaines difficultés de la vie. Ils ne sont donc pas à blâmer. Ceux qui sont blâmables sont ceux qui les ont mis dans ces difficultés. Tout le monde ne peut être Nelson Mandela », indique-t-il.

L’ancien président du barreau de Guinée doute que les autres détenus  s’apprêtent à demander pardon pour bénéficier d’une grâce présidentielle conditionnée: « A penser que les autres détenus se soumettront à cet exercice qui consiste à demander pardon pour espérer être graciés, il y a quand même des doutes. Il n’est pas toujours facile de demander pardon quand on ne se sent pas en faute. C’est une question qui relève de la seule conscience des détenus (….) Ils devraient donc avoir un minimum de retenue au risque de perdre toute crédibilité aux yeux de l’opinion. Certes, la grâce n’efface pas leur condamnation. Mais chacun sait qu’ils ont été victimes d’une injustice; leur libération devrait être considérée comme une sorte de réparation de cette injustice».

« Les détenus ont été élargis. Mais ils se doivent à leur tour se montrer réfléchis et continuer à être plus réalistes. Le réalisme qui les a poussés à demander pardon en échange de leur liberté doit les contraindre à comprendre les dessous les enjeux et implications politiques de toutes ces affaires », a-t-il lancé .

TAOB