Comme toujours, le sensationnel est ce qu’il y a de plus facile à créer dans le débat politique guinéen. Il a fallu simplement annoncer le nombre de mois de la transition pour qu’elle se réduise à des calculs de soustraction et d’addition.
Et pourtant dans ce type d’exercice, les questions de forme déterminent celles de fond. Alors quel est le processus qui a fabriqué tous ces délais fantaisistes dont on se sert pour déterminer un choix dit “médian” ? Quelle est la crédibilité des acteurs qui y ont été associés ?
Dès lors que les autorités d’une transition ne peuvent pas être plus légitimes que les autres composantes de la nation, sa gestion doit être par essence consensuelle. Donc la définition de l’ensemble de ses étapes doit se faire dans un cadre approprié avec une inclusivité représentative.
Au lieu de cela, un pilotage solitaire et arrogant abouti au choix d’un délai. Malheureusement c’est de lui qu’on parle en oubliant qu’il n’y a même pas de garantie de son exécution. Ceci est d’autant plus vrai que le prolongement du même délai peut se decider de la même manière que sa détermination selon l’agenda caché depuis le début.
Le scénario de manipulation qui semble plutôt se dessiner, est de réduire le débat autour d’un délai pour créer des clivages au sein de l’opinion. Ensuite s’en servir pour financer les groupes de soutien à la transition comme à nos vieilles habitudes. Et pour cela les clients politiques et mouvements fantômes ne se feront pas rares.
L’objectif final est de créer des facteurs de blocage et de diversion pour justifier autant de reports souhaités. Cela nous apprendra à réduire nos émotions et à nous méfier des marionnettes à la solde du véritable chronogramme déjà ficelé dans l’obscurité.
Aliou BAH