Dans la nuit du 03 au 4 août 2012, aux environs de 1 heure du matin, les habitants de Zoghota ont été brutalement attaqués dans leur sommeil par des éléments des FDS vénus dans les environs du village à bord d’une dizaine de véhicules appartenant à l’armée, à la police et à la gendarmerie. Cette attaque nocturne, d’une ampleur jamais égalée dans la contrée, a duré près de quatre heures et s’est soldée par la mort de cinq (05) citoyens abattus sur le champ et un sixième citoyen décédé de ses blessures au petit matin à l’hôpital régional de N’zérékoré. Ceux qui étaient sortis de leur maison suite aux coups de fusils, ont également essuyé des tirs à bout portant et reçu des gaz lacrymogènes. Les plus chanceux ont été arrêtés et torturés avant d’être amenés manu militari à N’Zérékoré où ils seront arbitrairement détenus pendant plusieurs jours.

En plus de ces assassinats, les membres des FDS ont blessé de paisibles citoyens, incendié la case de Monsieur Bèlèwolo KOLIE avant de dégoupiller une grenade à l’intérieur de la maison de Monsieur Moriba KPOGHOMOU.

Les victimes, avec l’aide de l’ONG « Les Mêmes Droits pour Tous » (MDT), ont déposé une plainte avec constitution de partie civile le 23 août 2012 devant le Doyen des Juges d’instruction du Tribunal de première instance de N’Zérékoré. Cette plainte est encore sans suite judiciaire à la date d’aujourd’hui.

En effet, par ordonnance de transmission des pièces au procureur général près la Cour d’appel de Kankan datée du 10 décembre 2014, le Doyen des Juges d’instruction du Tribunal de première instance de Nzérékoré estimait qu’il résultait charges suffisantes contre six (6) hauts responsables des FDS et un administrateur territorial d’avoir à Zoghota dans la nuit du 03 au 04 août 2012 : – donné volontairement la mort avec préméditation et guet-apens à cinq citoyens du village de Zoghota- donné des coups et fait des blessures – volontairement mis le feu aux habitations.

Cependant, aucune suite n’a été donnée à l’ordonnance du juge et aucun procès n’a été organisé. Jusqu’à nos jours d’ailleurs, l’Etat guinéen n’a fourni aucun effort pour faire la lumière sur ce massacre.

C’est ainsi, par requête en date du 13 Octobre 2018, enregistrée le 19 Octobre 2018 au greffe de la Cour sous le N°EWC/CCJ/APP/50/18, les victimes ont saisi la Cour de justice d’une action en responsabilité contre la République de Guinée pour violation des droits de l’homme, en l’espèce :

  • le droit à la vie ;
  • le droit de ne pas être soumis à la torture ou autres traitements inhumains cruels, inhumains ou dégradants ;
  • le droit de pas subir une arrestation et de détention arbitraire
  • le droit à un recours effectif…

A l’issue d’une procédure contradictoire, la Cour a rendu définitivement son arrêt N°EWC/CCJ/JUD/25/20 le10 Novembre 2020, par lequel elle a reconnu la République de Guinée coupable de violation des droits de l’homme suscités ; et, au titre de la réparation du préjudice subi, elle a alloué aux victimes « Trois milliards Six Cent Millions (3 600 000 000de francs guinéens soit (Deux cent vingt-cinq millions de francs CFA (225 000 000) à titre de dommages et intérêts ».

À ce jour, la République de Guinée n’a exécuté aucune disposition de l’arrêt de la Cour de justice et n’a fourni aucun effort pour faire juger les auteurs de cette atrocité.

Justice pour les victimes du massacre de Zoghota !