La deuxième édition du concours national d’écriture‘‘ la parole aux jeunes talents’’ organisée récemment par les éditions Plumes Inspirées en collaboration avec l’Association des jeunes écrivains de Guinée, a été remportée par Thierno Amadou Oury BALDE avec son ouvrage intitulé « Fardeaux du Silence ».
Ce jeune découvert à travers la parution de sa première œuvre poétique « LA RESILIENCE », présentée et dédicacée le 25 Avril dernier aux chapiteaux du palais du peuple, à l’occasion de la 14ème édition des 72 HURES DU LIVRE à Conakry, fait partie de nombreux talents cachés de notre pays.
En décidant de sortir dans l’ombre, il concilie ainsi ses préoccupations professionnelles avec ses activités littéraires pour forger un chemin dans l’univers de l’écriture.
Avec cet entretien, notre rédaction décide de partir à sa découverte !
Présentez-vous à nos lecteurs !
Je réponds au nom de Thierno Amadou Oury BALDE, juriste de formation, journaliste professionnel, écrivain-poète et professeur de philosophie. Auteur du recueil de poèmes intitulé ‘‘LA RESILIENCE’’, je viens de décrocher le prix Syli du jeune écrivain guinéen 2022, catégorie poésie avec mon manuscrit intitulé : « Fardeaux du silence ».
Actuellement, je suis rédacteur en chef d’Affiches Guinéennes qui est un Journal d’Annonces Légales, d’Informations Juridiques, Economiques et locales.
Vous venez de remporter un prix, d’où tout est parti ?
Tout est parti d’une candidature que j’ai soumise, après la publication de l’annonce du concours national d’écriture ‘‘ la parole aux jeunes talents’’ sur la page des éditions plumes inspirées en Mai dernier. Par coïncidence, j’étais sur le projet d’un recueil de poèmes.
Après avoir pris connaissance du règlement du concours national, j’ai réussi à terminer mon manuscrit dans l’espace de deux (2) mois seulement. Le dernier mois qui me restait pour postuler, je l’ai entièrement consacré à la lecture et à la correction de l’œuvre. Aucun jour ne pouvait passer, sans que je n’apporte une retouche à l’ouvrage. J’ai accepté de retravailler mes textes, pour arriver finalement une version que je trouvais satisfaisante.
Aujourd’hui, si je suis déclaré 1er lauréat du concours pour toutes les catégories (Poésie, roman et nouvelle), je pense que c’est le fruit d’une longue lutte.
Présentez-nous votre prix ?
Le prix Syli du jeune écrivain guinéen est un prix conçu pour promouvoir le talent des jeunes qui se démarquent dans l’écriture.
En vertu du règlement du concours, je bénéficie en tant que 1er lauréat, d’un contrat d’édition gratuite de mon manuscrit ‘‘LES FARDEAUX DU SILENCE’’, d’une somme de 150 euros, d’une campagne de communication dans les médias, d’une tournée à l’intérieur du pays, d’un accompagnement des partenaires de la maison d’édition.
A signaler qu’une cérémonie solennelle de remise des prix aux lauréats de toutes les catégories (Poésie, roman et nouvelle) sera organisée dans les prochains mois, en attendant la production des ouvrages retenus.
Pourquoi avez-vous choisi la poésie ?
Mon choix de la poésie parmi les genres littéraires comme le roman, la nouvelle et l’essai qui est hautement scientifique, se justifie par le sens de mon inspiration et de mon niveau d’engagement. Vous savez que le poète est un artisan des mots qui créé des vers qu’il assemble en poèmes sous formes libres ou fixes, pour suggérer ce qu’il n’aurait pas pu exprimer en prose courante.
Si j’aime la poésie, c’est parce-que j’éprouve la forte sensation des vers, pour lutter contre les travers. J’admire surtout la forme esthétique de cet art caractérisé par les règles de la versification et la musicalité des vers (rimes). En d’autres termes, je perçois l’art poétique comme un jeu sur le langage à travers la polysémie des mots, la densité observée des réseaux lexicaux, les figures de style ou la création des images. Pour rejoindre Paul Eluard dirai-je : « le poète est celui qui inspire bien que celui qui est inspiré ».
Même s’il faut être un poète incompris comme autrefois Charles Baudelaire qui n’a pas eu tort de croire que son œuvre fera du chemin dans la mémoire du public lettré à côté des meilleures poésies de Victor Hugo, de Théophile Gautier et même de Bayron, je donnerai tout pour mon art dans l’espoir de transfigurer l’expérience douloureuse de l’âme humaine en beauté.
Parlez-nous de vos ouvrages.
Mon premier livre intitulé ‘‘ LA RESILIENCE’’ est un recueil de poèmes qui enseigne la tempérance, la sobriété. Il fait le procès des tourbillons de l’existence humaine, pour panser les plaies du passé, sortir du cercle vicieux de l’injustice, de l’ethnicité et dérives politiques. En outre, ‘‘la Résilience’’ prêche une nouvelle ère de confiance et de réveil des consciences des citoyens épris de paix et de justice, pour mesurer l’enjeu de leur responsabilité dans la consolidation de la quiétude sociale et du développement durable. Ce cri de cœur que je porte dans ce livre, n’est pas seulement le fait d’en être capable d’assumer son destin, de transformer sa douleur en en moteur de vie, mais c’est aussi et surtout apporter son “moi” à l’édification de son pays. Parce qu’à mon avis : « la grandeur d’un homme se mesure par sa foi et la portée de ses actes ».
En ce qui concerne le second ouvrage titré « Les Fardeaux du silence » qui m’a d’ailleurs permis d’être le 1er lauréat du concours national d’écriture, il nous fait voyager dans les sphères les plus élevées de la poésie, pour éveiller les consciences enchainées, dans un vouloir vivre ensemble durement décomplexé de toute considération subjective.
Si nous croyons avoir agi dans un fort mutisme, cet ouvrage nous apprend par des vers rimés et cris rythmés que ‘‘le silence est un lourd fardeau, voir un supplice cruel qu’il faut éviter au risque d’empoisonner les délices de notre vie’’. Bref, cette œuvre qui dénonce les tares de notre société, nous invite à briser le silence dans une société devenue l’épicentre spectaculaire des travers, de la déraison et ses dérisions comme l’injustice, les dérives politiques et ses déviances, l’instrumentalisation des institutions, la politisation de l’Administration, la manipulation à outrance, les violences basées sur le genre, l’ethnocentrisme suicidaire, les crimes de sang et économiques.
Quels sont vos projets dans le domaine de la littérature ?
Premièrement, je compte faire une campagne de communication dans plusieurs institutions d’enseignement de notre pays, pour vulgariser mes ouvrages et inciter les jeunes à lire et écrire pour garantir l’excellence en milieu éducatif.
Ensuite, je décide de m’investir dans la transcription audio-visuelle de certains de mes textes pour impacter davantage le public. Et enfin, j’ambitionne traduire plusieurs de mes poèmes dans nos langues maternelles les plus parlées.
Pour terminer, je mettrai en place dès que les moyens me permettent, une maison d’édition poétique de haute gamme avec toutes les innovations possibles pour promouvoir les auteurs et leurs livres.
C’est le premier trophée que vous gagnez, quelles sont vos impressions ?
Je suis agréablement surpris et enchanté à plus d’un titre. En remportant ce prix que je dédie à la jeunesse guinéenne dans son ensemble, je mesure le degré de ma responsabilité de porter la voix des poètes qui transpercent le mystère de la créativité et de l’inspiration au bénéfice du public lecteur.
Je prie Le Tout-Puissant de m’accorder la force et le courage de persévérer dans la bataille littéraire et de ne jamais être la mauvaise conscience de mon époque.
Quelles difficultés rencontrez-vous en tant que poète en Guinée ?
Comme tout écrivain, les poètes ne sont en marge de quelques difficultés parmi lesquelles je trouve, l’angoisse de la page blanche que tout homme de plume cherche à surmonter, pour aller au bout de sa passion d’écrire. En outre, il existe ce que je nomme ici le manque d’espace d’échanges et de cadre de concertation pour les poètes et d’émissions littéraires pour accompagner et promouvoir le talent des pratiquants ou passionnés de l’art poétique.
Sur le plan économique, il est difficile de voir un écrivain qui vit de sa plume en Guinée.
Quels appels avez-vous à lancer ?
Je demande aux autorités Guinéennes de valoriser davantage la littérature guinéenne qui brille aujourd’hui au-delà de nos frontières.
J’invite les départements Ministériels en charge de la culture et de la jeunesse, à plaider auprès du gouvernement pour l’accompagnant financier des maisons d’éditions à travers une subvention annuelle et d’accorder des prix aux écrivains pour mieux inciter et impacter le public à s’investir dans la littérature.
A tous les amoureux du livre, je vous demande de croire en votre capacité intellectuelle de changer certaines pratiques de la société.
C’est l’occasion pour moi d’interpeller la jeunesse guinéenne à la responsabilité, à l’engagement citoyen et patriotique de lutter pour des causes justes et de promouvoir la paix et la cohésion sociale.
Merci d’avoir répondu à nos questions
C’est moi qui vous remercie
Source : www.afalade.com